Campagnes d'Intox

Certes internet est largement sur-exploité - par l'extrême droite et autres enfumeurs professionnels payés par différents états (c'est aussi souvent le cas de l'extrême droite elle même), ou même, plus discrètement, par d'autres partis, - pour relayer des foultitudes d'intox souvent grossières. Souvent grossières mais pas que, c'est d'ailleurs à cela qu'on peut reconnaitre les vrais professionnels, cf la lettre d'soit disant mère de victime à la mère d'un agresseur, traduite à la perfection dans plusieurs langues et changeant les noms des lieux ou les journaux télévisés en fonction des lieux de diffusion.

On peut toutefois s'étonner que l'intox soit également si souvent pratiquée sur des situations vérifiables "in the real life". Quelques exemples récents, mais il y en a sans doute de nombreux autres :
- l'affaire Adama Taoré, à l'image de la plupart des affaires de violences policières,
- les tentatives du même ordre dans l'affaire Théo,
- le pseudo reportage à charge à Sevran, et celui de Saint-denis, tous deux démontés par les investigations du Bondy Blog,
et maintenant, La Chapelle.
On se dit alors en effet qu'il est impossible par exemple dans l'affaire Traoré, que le procureur n'ait pas imaginé deux secondes que les faits le rattraperaient fatalement.
Oui mais voilà, les effets d'une intox qui crée le buzz et répand son venin comme une traînée d'agent orange, sont bien plus efficaces sur les esprits que tout le travail d'investigation qui s’époumonera ensuite à rétablir la vérité. Comme cela a pu se produire pour la gare de Bologne dans les années 70, et malgré une démocratisation radicale de la communication depuis, l'intox semble devoir marquer la masse des esprits de manière quasi-indélébile.
Quoiqu'il en soit petit à petit, sur cette base bien différente de l'accès généralisé, certes à l'intox elle-même, mais également plus encore qu'à l'information, à la formation, à l'éducation populaire en quelque sorte, l'intelligence collective progresse, et il est crucial, aujourd'hui plus encore que jamais, de ne RIEN LÂCHER.

La polémique des "femmes chassées de La Chapelle", Intox de mai 2017



24 Mai 2017.

La Chapelle, Mai 2017. Polémique semblable à celle de Saint Denis et Sevran, 3 lieux ou j'ai vécu à différents moments de ma vie, et à chaque fois je me dis :
"Bon sang, ça fait 30 ans, 15 ans et 10 ans respectivement que j'ai quitté ces lieux, mais j'y suis retournée il y peu, se peut-il que je ne me sois pas aperçue que ça avait dégénéré à ce point?"
En fait j'étais pratiquement sur le point de croire la manipulation grossière sur Sevran et Saint Denis. Avec ce fond d'incrédulité qui me portait davantage, avec un certain soulagement je l'avoue, à reconnaître mes anciens quartiers dans le travail autrement plus sérieux fourni par Bondy-Blog.
Là, pour La Chapelle, c'était plus récent et plus proche géographiquement de moi encore aujourd'hui. Pourtant je suis certaine que sans le Bondy-Blog et son travail sur Sevran, les médias toujours prompts à fournir vite et mal auraient réussi à me faire douter à nouveau. Et comme à chaque fois, il faut que des voix s'élèvent en faux, pour qu'enfin ils commencent faire leur travail. Pas ce travail imposé à tout travailleur aujourd'hui qui consiste à vendre tout, n'importe quoi, du caca en plastique qui casse entre les mains, vendre! vendre à tout prix, quitte à vendre son âme avec. Non, dans ces extrémités ou les réduisent les voix des gens vrais qui n'ont rien à vendre, ni la haine ni l'audience, les voilà contraints de vite se reprendre leur ouvrage, le vrai, celui qui nécessiterait de respecter une charte éthique: le journalisme.
Voilà donc un extrait de ce travail, que je trouve, contrairement aux apparences ou paradoxalement, et sans grand effort pourtant, plutôt parlant Smile :



https://www.wat.tv/embedframe/260686chuPP3r1343999...
Grumph. Pas moyen de l'intégrer!désolée


Bref, le quartier tel que je l'ai laissé, tel que je le retrouve quand j'y fais un saut, tel que le vivent les femmes qui s'élèvent aujourd'hui contre l'intox.
Je suis une femme. J'y ai vécu dans ce quartier de 2003 à 2010 environ, je l'ai arpenté de jour comme de nuit, en long, en large et en travers, que ce soit seule ou accompagnée. Je n'y ai jamais eu peur, cela joue aussi sans doute, car j'ai quelque fois expérimenté ailleurs que l'inquiétude amène à être inquiété. La peur se lit dans les comportements et rend animalement agressifs animaux et humains avant même que le cerveau s'en mêle. Et quand il s'en mêle, c'est pour dire quelque chose comme : "rhâââ, je suis terrifiant, hein?!!!". Mais cela ne m'est jamais arrivé dans ce quartier, ou je me sens en confiance. Les gens y sont habitué à la différence, et la relèvent rarement. Chacun vaque à ses affaires, et il semble qu'on ne vous y remarque pas, jusqu'à ce que, dans les rues moins surchargées, on vous cède la place si vous marchez plus vite ou l'on vous remercie avec une politesse rare ailleurs quand vous le faites à votre tour. Si, ici comme ailleurs, on peut sans doute rencontrer des indélicatesses, elles sont loin d'y être plus prononcées. Il est, c'est certain, des personnes plus harcelées que d'autres partout, notamment là où elles se sentent mal. En particulier, et de façon insupportablement sexiste avec cette violence sexuelle en plus généralement, beaucoup de ces personnes harcelées sont des femmes. On peut donc en plus, selon moi, se retrouver exposé-e au danger davantage encore quand on croit avoir toutes les raisons de se sentir en insécurité.
Or toute une propagande consciente ou non, depuis des lustres, nous invite à nous sentir en insécurité dans les quartiers les plus populaires.
Moi qui y suis chez-moi, je trouve cela profondément injuste et dangereux. Jouer ainsi avec nos peurs est en effet d'autant plus criminel.

(merci de me faire parvenir tous les liens des témoignages concomitants via les sites de publication de ce texte Smile)

Voir aussi le fil d'actu, https://www.youtube.com/watch?v=0L2APo0IQOM qui pointe bien comme il faut ce qu'il y de malsain à nier le harcèlement de rue partout par cette façon d'en faire une spécificité made in La Chapelle...

Rejoindre le sommaire du MasterBlog de Miyette sur Tcb
Pièces jointes
Récriminer n'est pas proposer