Redéfinition du concept de progrès

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L'article s'intitule "PROGRÈS TECHNO SCIENTIFIQUE ET REGRÈS SOCIAL ET HUMAIN". Cela suppose qu'il existe un progrès qui ne serait pas techno-scientifique. Peut être est-ce de ce progrès que nous devrions parler, vu que pour la plupart il semble que le progrès ne puisse être que techno-scientifique.


Pour moi la raison d'être de ce débat est de séparer dans le vocabulaire, dans l'imaginaire et dans la pensée des choses déjà séparées dans les faits : le progrès technologique et les progrès sociétaux.

Je ne sais pas si la meilleure manière d'y arriver est de n'aborder que l'évolution des mentalités, de la conception du monde, j'ai même des doutes sur la portée d'une telle façon de faire. Je crains que cela n'enferme le débat dans des sphères intellectuelles, que cela tourne au débat purement philosophique ce qui pourrait rebuter certain(e)s et nous plonger, sans que nous le remarquions, dans une certaine stérilité.

Nous abordons un problème on ne peut plus matériel, peu importe par quel bout nous le prenons (que ce soit les dégâts environnementaux qu'a entrainé et entraine encore cette vision unidimensionnelle, le sur-dimensionnement des unités de production qu'elle nécessite, les améliorations du quotidien qu'ont attribue faussement au seul progrès technologiques et ceux qui sont réels, les avantages dont on ignore/minore le coût, etc), il nous faut garder le matériel au centre de la discussion, à mon avis, et débattre sur la place qu'il occupe, la remettre en cause, chercher à la réduire, à en limiter l'impact sur nos vies comme sur notre milieu.


Il est indéniable que la techno-science n'est pas à la portée du commun des mortels, elle est utilisée par des corporations dont le but n'est pas de faciliter la vie humaine, mais de faire des bénéfices. Ce qui est produit n'est donc pas forcément un "progrès" mais une manière de concentrer les richesses.


Je pense qu'il y a deux points à aborder pour répondre à ces remarques.

D'abord quoi que nous fassions nous ne vivrons pas dans une société d'égaux, si ce n'est en droit (devant la Loi s'entend), le reste du temps nous ne pouvons être que des semblables, des humains aussi proches l'un de l'autre que différents les uns des autres... Par nos sensibilités, nos savoir-faire, nos résistances, nos capacités nous sommes tous uniques, c'est une force.
Proudhon disait qu'il fallait des artistes pour les travailleurs, qu'ils n'avaient pas forcément à accomplir des tâches à l'usine ou aux champs pour être utiles à la société, la seule condition qu'il posait à leur intégration à la communauté était qu'ils ne fussent pas mieux traités que les autres en vertus de leurs capacités à émouvoir. Artistes ou paysans, un même traitement. L'un nourrit le corps, l'autre l'âme, aucun n'est au dessus ou en dessous.
Que l'ingénieur, l'expert en code informatique, le physicien existent cela ne me dérange pas(1), ce qui me dérange c'est qu'ils soient traités comme des barons parce que leurs tâches sont jugées supérieures. Qu'on réponde à leurs besoins comme à ceux du valet ou de l'éboueur.

Ensuite le fait que des corporations aient privatisées des technologies ne signifie pas que ces technologies soient irrémédiablement viciées. Prenons (au hasard)l'exemple d'un aéroport, tout y est fait pour que le flux de passagers soit fluide est que le commerce du voyage soit florissant, les avions qui s'y posent ne sont conçus que pour allier rentabilité et donner envie au voyageur de revenir. On peut pourtant imaginer un aéroport repris par la communauté où se posent des ULM et des dirigeables conçus pour emporter le maximum de personne ou de produits avec le minimum d'énergie, où les voyageurs et compagnies (SCOP, assoc' ou autres) payeraient en matières premières nécessaires à l'entretien des pistes. (2)


C'est comme cela que j'entends ce texte, l'évolution technologique doit être accompagnée d'une réorganisation sociale du travail et de la distribution des richesses. C'est certainement dans ce sens qu'il faut repenser le "progrès".


Ce texte ne me paraît pas contenir cette thèse à laquelle j'adhère totalement, je n'ai jamais défendu autre chose.


la responsabilité ne revient pas aux machines (comment pourraient-elles être responsables ?) mais bien aux humains qui les construisent et les utilisent sans se rendre compte des "effets colatéraux". Encore une fois, l'évolution technologique modifie la société, il serait donc normal qu'elle s'accompagne d'une évolution de nos rapports sociaux.


Exact et, malheureusement, cela n'apparait pas dans le texte, il n'y a pas d'appel à réfléchir sur le rapport à la technologie, à trier le grain de l'ivraie. En le lisant je pensais à un ami avec lequel j'avais eu nombre de discussions enflammées dont une sur la démocratie et internet : pour lui il ne fallait pas se donner la peine de relier les gens vu qu'on peut très bien vivre sans réseau, je lui rétorquais qu'une telle avancée serait un pas immense vers la réalisation de la démocratie (pas à suivre un débat oral haché et souvent "sophistisé", possibilité de chercher des infos à loisir avant de se prononcer, possibilité de multiplier les questions et d'utiliser l'outil informatique pour synthétiser, etc.). En retour je n'avais pas vraiment d'opposition, juste un refus de la technologie comme forcément accessoire, futile et débilitante...


Notre "progrès" actuel n'est-il pas le grand responsable de la terrible crise environnementale que nous subissons ?


Je pense encore à cet ami... Dès que je défendais l'idée de ne pas vivre comme en 1840 dans une petite ferme isolée avec juste le nécessaire pour assurer sa subsistance, je devenais un défenseur du grand capital, un partisan du barrage des trois gorges et le responsable du futur Tchernobyl...

Oui le progrès tel qu'il est admis est responsable de cette crise... Est ce qu'il n'y a pas d'alternative entre tous vivre en forêt et bouffer du pétrole au petit déj? Non...

Pour moi c'est une bonne chose d'avoir des cabinets dentaires, des routes, des véhicules, le téléphone, internet et du chauffage. Est ce que je bousille la planète pour les obtenir pour autant, non, je ne pense pas. Mon pc est d'occaz, je l'ai depuis 5, 7 ans, j'ai pas de voiture, je ne suis aucune mode, je balance pas de bouffe... Je n'ai pas zéro impact bien évidemment mais je vis, c'est dur d'apporter à la planète en même temps...


Hummmm, une forêt dont on enlève trop d'arbres ne peut pas toujours se renouveler (voir : https://www.thechangebook.org/blog/1564/lamazonie-... )
Si la nature a créé une forêt de conifères, il ya d'énormes chances pour qu'elle ait créé tout l'éco-système qui va avec.
Une forêt est un système vivant complexe : les arbres bien sûr, mais aussi les sols, l'eau, le climat, la faune (dont l'humain)....
Le problème des patûrages, c'est aussi le pietinement des sols, pour ne citer qu'un effet néfaste.
Évidemment, tout cela dépend des particularités de chaque éco-système.

Trop... Quand je parle de couper des arbres je pense à ma pauvre petite échelle de gars qui coupe le bois que lui désigne le service des forêts. (cf ci dessus la remarque sur Tchernobyl)

La mangrove ne crée pas une acidité qui lui est nuisible?

Je disais ça en pensant au bout de forêt à dix mètres de chez moi, non entretenu, il n'y a rien qui y pousse sauf les pins (ou sapins, j'en sais rien de quelle(s) essence(s) il s'agit), il n'y a qu'eux et un tapis de leurs aiguilles.


Les milliers d'usines que nous avons ne peuvent pas toutes être utilisées à une échelle locale, c'est à dire par toi et moi, et demandent souvent une logistique incompatible avec une réduction sérieuse des gaz à effet de serre (pour ne citer qu'un exemple). Ces usines ont été pensées pour faire de l'argent, pas pour régler les problèmes des populations (et de l'environnement).
Mais il y en a en effet un certains nombre que nous pourrions (devrions) nous réaproprier.
Il nous faut redévelopper les économies locales pour atteindre l'autosuffisance et diminuer les gaspillages (notamment d'énergie avec les transports)


Mieux gérer l'énergie je comprends tout à fait, j'avoue que j'ai du mal à comprendre pourquoi tout devrait être localisé et en autosuffisance. Qu'on envoie pas des fruits de Californie dans le Sahara ok, qu'on érige en obligation de cesser les échanges, par exemple, sur la Méditerranée ça me parait contre-productif.(3) Ca me semble un des impératifs qu'on s'impose pour la Nature en négligeant l'Humain. L'échange léonin est source de conflits, l'échange équitable est source d'amitié, de rapprochement.

Aborder ainsi le changement de pensée me parait un sacrifice volontaire, un holocauste "Nature reçoit nos technologies et apaises toi". Nous, les occidentaux, devons désapprendre notre mode de vie sans pour autant rejeter en bloc tout ce qu'il contient, certaines de ses pièces peuvent être précieuses pour tout le monde, nous devons les partager avec tous ceux et celles qui les désirent et découvrir d'autres manières de les utiliser.

(1) Ce ne sont pas des métiers "parasitaires".

(2) Vraiment pris au hasard, peut être trop... Si il ne te convainc pas j'en chercherai un autre.

(3) Surtout que dans ce cas on pourrait le faire à la voile.