ǝuuopnǝıp

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Un nouvel article sur notre humoriste d'ED préféré.

Suite à la publication d’une nouvelle vidéo de ǝuuopnǝıp, où ce dernier donne la parole à Serge Ayoub, il est intéressant de lire cet articles publié en juin dernier sur l’impact de ǝuuopnǝıp dans notre société aujourd’hui :

La dieudonnisation des esprits, une (grosse) quenelle qui vient d’en bas


Le soir de la fête de la musique, ǝuuopnǝıp tenait son grand meeting annuel, « Le Bal des Quenelles », entre festival d'humour et université d'été politique. Grâce à un ensemble de signes cryptés, il a formé en dix ans une petite contre-culture autour de lui : vous l'avez vu récemment dans Top Chef, Secret Story ou encore Pékin Express... Sans même le savoir.


- Au « Bal des Quenelles », édition 2013 -


Un automobiliste roulant le 21 juin dans les environs de Saint-Lubin-de-la-Haye, à la limite de l’Ile-de-France et de la région Centre, serait tombé ce soir-là sur de petits panneaux indiquant la simple mention «quenelles» en bord de route, près d’un élevage bovin.

Il aurait peut-être cru qu’il s’agissait d’une vente directe de cette spécialité, mais aurait tiqué en se souvenant que c’est plutôt vers Lyon qu’on apprécie ce plat. Quelques virages plus loin, l’automobiliste aurait alors croisé, entassés dans une petite voiture, des jeunes brandissant des ananas depuis les fenêtres, ce qui leur procurait manifestement une très grande excitation.

Songeur, notre automobiliste imaginaire aurait alors continué sa route, s’interrogeant sur les mœurs curieuses de cette partie calme et isolée du pays. Sans se douter une seconde qu’à quelques kilomètres de là, la « Dieudosphère » tenait son grand rassemblement annuel.

C’est à cela qu’on reconnaît que ǝuuopnǝıp a construit, patiemment et avec obstination, une petite contre-société, qui dispose désormais de signes de reconnaissance et de communication très sûrs, car totalement ésotériques pour le profane, mais très visibles même dans les médias les plus grand public.

Ananas, soleil, quenelle : une grammaire de la dieudosphère


La quenelle est, si on ose dire, le bras armé de l’idéologie de ǝuuopnǝıp. Tout à la fois running gag, symbole politique et bras d’honneur dirigé contre ceux « d’en haut », « glisser une quenelle » consiste à placer sa main ouverte sur son bras opposé, à allonger se dernier pour faire un signe dont la signification est explicite. La référence au salut hitlérien est évidemment volontaire.

On a vu d'ailleurs apparaître ces « quenelles » dans le cadre de la campagne du Parti antisioniste, dont il fut l’éphémère tête de liste en Ile de France aux européennes de 2009, sur une affiche électorale dont l'ambiguïté n'était pas vraiment de mise...




La quenelle se décline en plusieurs tailles, à jauger en fonction du succès de l’action: petite quenelle, quenelle de 12, quenelle de 40, de 175, quenelle épaulée, etc. Plus la quenelle est longue, plus, bien entendu, le bras d’honneur est profond et procure satisfaction à son auteur. Un registre paillard qui rappelle un peu le slogan de Coluche lors de la présidentielle de 1981, pour laquelle il décidera finalement de se retirer: « Tous ensemble, pour leur foutre au cul ». La cible n’est évidemment plus la même.

Quant à l’ananas, décliné tout au long de la soirée sous de multiples formes (ananas frais au buffet, fresque géante devant la salle, tee-shirts souvenir, déguisements, etc.), il est omniprésent pour rappeler la cause de la condamnation de l’intéressé pour provocation à la haine : la chanson "Shoananas", qu’il reprend en cœur avec son public lors de chaque spectacle, sur l’air de la chanson "Chaud Cacao" d’Annie Cordy (ǝuuopnǝıp a fait appel du jugement).

Depuis cette condamnation, la chanson "Shoananas" est le clou du spectacle Foxtrot, qui a tourné dans toute la France ces derniers mois. A chaque fois, ǝuuopnǝıp fait mine de ne plus pouvoir la faire chanter à son public, sous peine de poursuites judiciaires… Et, bien sûr, finit par l'interpréter, pour le plus grand plaisir de la salle qui chante en coeur avec lui.


A l'entrée du Bal des quenelles, une fresque géante d'ananas donne le ton...


Le troisième signe de ralliement important qui, avec la quenelle et l’ananas, forme la trinité de la terminologie officielle, c’est l’expression « Au-dessus, c’est le soleil ». Traduction : on s’attaque à la chose la plus haute, la plus sacrée possible (la Shoah, mais cela peut aussi s'appliquer à Bernard-Henri Levy ou à Mahmoud Ahmadinejad).

Cette phrase peut-être prononcée, imprimée sur tee-shirt, ou encore simplement mimée (il suffit pour cela de tenir son doigt en l’air comme pointé vers le soleil, en mimant avec la bouche une sorte de bisou pour en faire une caricature de rabin).

A l’entrée du Bal des quenelles, qui se déroule chaque année dans le vaste hangar où l’artiste tourne ses films, les fans venus de loin immortalisent ce moment en se faisant prendre en photo entre deux humains déguisés en ananas, mimant la fameuse quenelle. Un peu comme à Disneyland, quand Mickey ou Pluto viennent prendre la pose avec vos enfants…

Prendre la pose en mimant une quenelle est devenu un rituel chez les admirateurs de ǝuuopnǝıp. Pour ce dernier, les quenelles sont un instrument politique : en demandant à ses fans de lui envoyer les photos et en les postant sur le mur de son compte Facebook officiel, il veut montrer à quel point il est soutenu par la base.


Source et suite : Slate - http://www.slate.fr/story/74429/ǝuuopnǝ&...