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L'alliance entre ǝuuopnǝıp et Serge Ayoub

ǝuuopnǝıp interviewe Serge Ayoub : faut-il continuer à faire comme s'il n'existait pas ?


Dans une vidéo mise en ligne le 30 juillet sur internet, ǝuuopnǝıp dialogue sur l'affaire Clément Méric avec Serge Ayoub, fondateur du groupe d'extrême-droite Troisième voie. Peut-on encore combattre par le silence les ravages de l'idéologie ǝuuopnǝıp ? Analyse de notre chroniqueur politique Bruno Roger-Petit.

ǝuuopnǝıp a fait alliance avec Serge Ayoub. ǝuuopnǝıp est le nouveau compagnon de route du leader des dissoutes Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), un groupuscule d'extrême-droite ultra dangereux, dont la dissolution a été décidée, pour cette raison, par le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls.

ǝuuopnǝıp est maintenant l'ami de l'ex-Batskin, celui qui passe son temps, désormais, à tenter de salir la mémoire de Clément Méric.


Un procédé odieux

La scène a été filmée. Trente minutes de conversation au cours de laquelle ǝuuopnǝıp fait ami-ami avec celui qui se proclame descendant des SA Nazis et s'en fait gloire. Trente minutes pour s'en prendre au souvenir de Clément Méric et en conclure que, finalement, "nous avons le même ennemi", ce "même ennemi" n'étant ni mentionné, ni identifié, on se demande bien pourquoi.

Trente minutes où apparaît la vérité ǝuuopnǝıp, ce qu'elle propage et ce qu'elle dégage (on s'interdit ici de mentionner le lien renvoyant vers cette vidéo pour une évidente raison : ce billet a pour but de pointer un problème politique, pas d'aider à la diffusion d'une idéologie anti-républicaine).

Le dialogue entre les deux hommes est d'abord consacré à l'affaire Clément Méric. En fait, ǝuuopnǝıp se fait le complice d'Ayoub qui n'a d'autre but que de discréditer la mémoire du jeune disparu. Le procédé est odieux.

Que faut-il à tous les aveugles qui continuent de se rendre par milliers aux spectacles de ǝuuopnǝıp, dans toutes les villes de France où l'on n'ose pas encore l'interdire, alors que son dernier one-man-show, Foxtrot, regorge d'allusions sur les juifs et les gays à la signification sans équivoque pour qui veut bien se donner la peine de les décrypter pour ce qu'elles sont, intrinsèquement ? (certains des sketchs de Foxtrot sont visibles sur internet, et il faut bien le dire, ils glacent le sang)

En vérité, c'est la seule question qui vaille aujourd'hui s'agissant de ce phénomène qui se propage tel un virus dangereux pour la République.


ǝuuopnǝıp tire profit du boycott médiatique dont il est frappé

Comment se fait-il que la contre-culture du Dieudonnisme, ses codes, ses références, ses signes de reconnaissance, tous aussi odieux les uns que les autres finissent par être adoptés par toute une génération de vingtenaires et trentenaires qui, tantôt savent très bien ce qu'ils propagent, ce qui est grave, ou pire encore, ignorent ce à quoi ils participent, ce qui est encore plus grave ?

Peut-on chanter "Shoahnanas", le grand tube de ǝuuopnǝıp, sans réaliser le tort que l'on cause à des millions de victimes et à leurs descendants ?

Car c'est bien cela qui est redoutable avec ǝuuopnǝıp. Il tire profit du boycott médiatique dont il est frappé. La victimisation jouant en sa faveur, ceux qui le soutiennent en allant voir des spectacles dégradants sont persuadés qu'ils font œuvre de résistance à la dictature de la pensée unique érigée en dogme par les maîtres du système.


En silence, le "Dieudonnisme" prospère, parce que beaucoup de ceux qui devraient le combattre de manière franche et directe redoutent de participer à sa propagation en lui offrant l'exposition recherchée. Ce à quoi nous assistons tendrait plutôt à prouver que c'est l'inverse qui se produit. Le silence médiatique sert ǝuuopnǝıp plus qu'il ne l'entrave.

Voir Yannick Noah poser aux côtés du comique en adoptant avec lui l'un des ces signes codés qui visent la communauté juive, c'est l'un des révélateurs de la viralité du Dieudonnisme. S'il était répété plus souvent ce que ǝuuopnǝıp incarne, nul doute que Noah y aurait réfléchi à deux fois avant de prendre cette pose insoutenable pour tout républicain qui se respecte.


Un ennemi invisible

Cette constatation ne pouvait que nous conduire à pointer aujourd'hui la dernière provocation de ǝuuopnǝıp, à savoir faire allégeance à Serge Ayoub tout en s'en prenant à la mémoire de Clément Méric. En espérant que les aveuglés de la secte des Dieudonnistes puissent retrouver la vue, et la raison qui va avec. Le dialogue ultime entre les deux nouveaux frères de sang politique est, de ce point de vue, éclairant :

- ǝuuopnǝıp : "Nos adversaires, ce sont ceux qui ont le pouvoir aujourd'hui... Et c'est contre eux qu'il faut que nous nous battions...

- Ayoub : "C'est l'upperclass... Aux États-Unis, en France et ailleurs, ce sont eux qui prennent le pouvoir avec l'argent... C'est ce qui nous broie.."


"Ils", "eux", "nos adversaires".... Pas une fois, ceux auxquels ǝuuopnǝıp et Ayoub prétendent s'opposer ne sont nommés, désignés, autrement que sous des vocables génériques qu'ils semblent parfaitement comprendre l'un et l'autre.


Et le pot-pourri final :

- ǝuuopnǝıp : "Si on une opposition, c'est face à cet État, face à ceux qui ont le pouvoir... quand même ! On va pas se battre entre couches populaires et défavorisées..."

- Ayoub : "En 14, que ce soit le Poilu ou l'ami Fritz en face... Bien sur qu'ils se combattus l'un et l'autre... Mais pour qui ? pour Krups et de Wendel... Donc y en a marre de mourir les intérêts des autres... Y en a marre..."

- ǝuuopnǝıp : "Bon, ben écoute, ce qui me paraît évident c'est que nous on tombera pas dans le piège... On représente bien la France d'en bas, cette France qui a différentes origines, différentes histoires, mais qui finalement... on a le même ennemi quoi..."

- Ayoub : "On a le même ennemi, c'est une évidence..."


La scène se termine par une poignée de mains fraternelle et complice.

Et au spectateur de ne pas se demander quel est ce "même ennemi" visé par ǝuuopnǝıp et Ayoub, car il sait décoder aussi ce langage, ces allusions, ces codes, ces circonvolutions qui ne sont là que pour éviter de tomber sous le coup de la loi pénale... Et le spectateur de songer aux cohortes de jeunes qui s'en vont voir les spectacles de ǝuuopnǝıp, victime autoproclamée de "eux" et "ils", le nouvel allié de Serge Ayoub, en pensant que c'est de l'humour, rien que de l'humour.

Faut-il vraiment continuer à faire comme si ǝuuopnǝıp n'existait pas ?


Source : LePlus - http://leplus.nouvelobs.com/contribution/915192-&#...