https://blogs.mediapart.fr/juliette-keating/blog/270816/la-multinationale-areva-contre-le-blogueur-jjmu-audience-mardi-30-aout-au-tgi-de-paris

Jean-Jacques MU © Sophie Leleu/ABC'éditions Jean-Jacques MU © Sophie Leleu/ABC'éditions

La liberté d'expression est comme chacun des droits gagnés sur l'oppression : fragile. En ces temps mauvais où la surveillance exercée sur les citoyens et la limitation des libertés individuelles sont imposées sous des prétextes sécuritaires, où la judiciarisation de la société fait craindre un procès pour le moindre conflit, où les multinationales font évoluer le droit international pour se protéger contre les lanceurs et lanceuses d'alertes, il n'y a pas de petites attaques contre la liberté d'expression : toutes doivent alarmer notre vigilance.

JJMU est attaqué par Areva pour diffamation, alors qu'il n'a que relayé un article écrit par une coordination anti-nucléaire et que les propos considérés comme litigieux ont été retirés de son blog très vite, aussitôt que la multinationale en a fait la demande auprès de Mediapart et sans qu'elle exerce son droit de réponse (plus d'informations ICI, lire aussi ICI, ICI et ICI). Quand Areva s'en prend à un simple blogueur seul et sans moyens de se défendre, la disproportion des forces et l'exagération de la gravité des faits reprochés et de leurs conséquences par la multinationale font de l'audience publique qui aura lieu le mardi 30 août à Paris, une possible mise en cause, selon son issue, du droit de chaque blogueur à informer.

Un réseau de soutien s'est mis en place, afin d'aider JJMU à préparer au mieux sa défense. Je reproduis, ci-dessous, le dernier communiqué :

ACTION DU RÉSEAU DE SOUTIEN
30 AOÛT 2016, à 12H30

Toutes les formes de manifestations de soutien technique, politique, moral, financier, amical, etc. auprès de JJMU ont été essentielles et elles lui ont permis de tenir et d'avancer seul, parce que jamais isolé. Aussi compliqué que ce fût, JJMU a toujours fait en sorte de tenir ses soutiens au courant de ses actions, dans la limite périlleuse de ce qui peut être dit sans porter préjudice à quiconque et en respectant la confiance que chacun lui a portée.
Le réseau a contacté l'essentiel de la presse et d'autres réseaux depuis deux mois. Nous remercions ici pour leur soutien manifeste :
- Kedistan Magazine Web
- Le Lot en Action
- Sortir du nucléaire Paris
- Le groupe Arrêt du nucléaire Lot (http://coordination-adn.fr/adn46/)
- Les Amis de la Terre France
- De nombreuses sections LDH
- Antenne d'Oc
- Les blogueurs de Mediapart Juliette Keating, Corinne N, L'Epistolero pour leurs billets et tous ceux qui sont intervenus sur leurs fils.
- DGR France - Le Partage qui a publié un article de Juliette Keating
- Le traducteur des billets et articles Hervé Courtois

L'audience aura lieu le mardi 30 août à 13h30 au TGI (présence nécessaire à 12h30), 4 boulevard du Palais 75001 Paris (entrée par le n° 10).
Le réseau de soutien de JJMU appelle à une présence massive dans la salle d'audience de la 17° Chambre Correctionnelle puisque l'audience est publique. Notre nombre sera l'ultime manifestation auprès du Tribunal de l'intérêt que portent la société et les citoyens à cette affaire qui ressemble à une volonté d'atteinte à la liberté d'expression de la part d'Areva, dont nous n'ignorons plus qu'elle a forcé la procédure pour ester en justice.
Le réseau de soutien attire l'attention de chacun sur la nécessité absolue que notre présence, aussi massive soit-elle, soit évidemment calme tant dans la salle d'audience que devant le Tribunal. Aucune manifestation ostentatoire par des pancartes ou slogans, par exemple, ne sera acceptée car elle desservirait JJMU. La salle serait évacuée et les personnes à l'extérieur inquiétées. Ce n'est évidemment pas ce que nous recherchons ! Si la salle est pleine, il sera possible d'attendre devant la salle, pendant l'audience, ou là où les greffiers le permettront.
L'enjeu réside dans l'une des ces trois solutions, pour cette audience pénale :
1- la fin des poursuites par le Tribunal, grâce à l'exposé par JJMU des vices de procédure ;
2- la relaxe par le Tribunal, grâce à l'exposé par JJMU sur le fond de la plainte ;
3- une condamnation.
Dans les cas 1 et 2, l'affaire s'arrêtera là.
Dans le troisième cas, la procédure civile continuerait puisque Areva s'est portée partie civile et un autre jugement aura lieu pour déterminer le montant des sommes dues par JJMU à Areva et autres frais de justice.
Il va sans dire que c'est l'une des deux premières possibilités qui est espérée et que tout, absolument tout a été fait pour l'obtenir. JJMU remercie ici tous ceux qui ont travaillé à lui faire comprendre cette plainte, extrêmement complexe puisqu'elle relève du droit de la presse, et à établir sa défense.
Évidemment, le retrait de la plainte d'Areva est également techniquement possible jusqu'au dernier moment.
Nous comptons donc sur votre présence nécessaire mardi.
Nous vous invitons à diffuser ce texte aussi largement que possible, sous toutes ses formes (à votre carnet d'adresse, vos réseaux, vos "amis" fb, sur vos blogs, vos pages personnelles, etc.).

Bien à vous et solidairement,
Le Réseau de soutien à JJMU (contact.soutien.jjmu@gmail.com)

« Les règles sont telles que dévoiler au public tout ou partie de sa défense, c’est encourir le risque de se trouver discrédité au moment du jugement. Il faut donc beaucoup de confiance aux amis du prévenu pour l’accompagner (…) Cette retenue, cette discrétion, ce soutien inconditionnel de tous pour un seul, c’est là que réside l’essentiel de l’énergie dont s’imprègne celui qui va se présenter à la barre. »
(Oser le Droit, JJMU, août 2016, Kaos ou Les Chroniques du Chaos http://kaos.over-blog.com/2016/08/oser-le-droit.ht... )