Economie de marché, France, Europe, Monde.

Pensez-vous qu'il soit possible et/ou que ça vaille le coup d'essayer de sortir de l'Europe?




Source img (+article à lire!) : http://noubel.fr/economie-du-don/
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Hugh

Pour moi la principale question est "de quelle Europe on veut sortir?"

Sortir d'une Europe qui se contente d'arbitrer un combat entre les différents peuples qui la composent, la réponse est bien évidemment oui. C'est une vision mortifère de se réunir pour mieux "s'entretuer".

Sortir d'une Europe de coopération serait, à l'opposée, une erreur. Le texte que tu as choisi pour ouvrir la discussion est très intéressant mais, à mon avis, il contient un angle mort : la complexité technologique. A plusieurs occasions j'ai usé de l'exemple du vélo pour illustrer l'interdépendance dans laquelle nous nous trouvons désormais ; beaucoup d'objets quotidiens réclament d'innombrables savoirs, compétences et matériaux pour être réalisés, un vélo, tel qu'il est conçu actuellement, a une structure tubulaire, c'est une chose complexe a réalisé "seul", beaucoup plus que de fabriquer une structure ayant la même solidité en métal "plein".
Il est bien sûr possible de faire un vélo dont le cadre est plein, son poids le rendra beaucoup moins agréable et plus fatiguant à utiliser. Créer de la connaissance et la partager n'implique aucune perte pour qui que se soit et s'intègre parfaitement à une économie de don, fabriquer des objets complexes suppose de l'échange (le métal ne pousse pas dans les arbres, une imprimante 3D non plus, les outils pour fabriquer un circuit imprimé non plus, etc.)
Le recyclage d'éléments et la réutilisation des objets encore fonctionnels limitent notre besoin(1) d'industrie et de fabrication en général, ils ne l'annulent pas. Prendre en considération que la technologie ne doit, au même titre que le(s) savoir(s), doit pouvoir circuler impose de concevoir une utopie où la production de la dite technologie continue (ce qui n'empêche nullement de revoir intégralement la manière dont la production est présentement assurée, notamment à cause de son impact sur l'environnement).
L'échelle européenne, où sont réunis des peuples qui ont, plus ou moins démocratiquement, choisis d'unir leurs destins me paraît être une taille parfaite pour imaginer une société où l'échange viserait à améliorer le destin des individus et la politique viserait à répartir les obligations (travail, impact environnemental, etc) équitablement.


(1) Ce "notre" est à prendre aussi globalement que l'imagination le permet. Un aborigène a autant droit à une tablette ou un vélo que mon voisin, je ne conçois aucune raison de lui refuser l'accès à une technologie s'il en est demandeur.


Oui, tu pars du principe de l'Europe qu'on nous a vendu durant, du moins pour ma génération, pratiquement tout notre existence, et en effet, si cette Europe là n'existe pas, et fait face à de sacrés verrous, il me semble qu'elle a nettement plus de chance d'exister même en partant de là - très loin - qu'en prétendant obtenir une hypothétique sortie qui fait face à des obstacles encore plus énormes (sont-ils seulement surmontables), pour obtenir en l'état de notre système économique, si toutefois c'était possible (ce que perso je ne crois pas, mais bon.), un bordel meurtrier, une vulnérabilité mille fois plus violente aux marchés financiers, une soumission encore plus totale, si toutefois c'est possible, et toute la misère qui va avec.

Petite précision, j'ai cherché l'image qui illustrait ma question, et je suis tombée sur le site qui l'abrite lors de ma recherche. le lien est d'abord pour donner en donner la source, et c'est vrai que son contenu se garde une place dans la question suivante qui pour moi se pose tout autant en ces termes :

Dans un contexte d'économie de marché, cela aurait-il un sens de dépenser notre énergie dans une hypothétique sortie d'une Europe (cantonnée à l'arbitrage des conflits de ses membres, ou pire et tout aussi sûrement facilitant la pression des marchés sur eux), alors même que cela ne permettra pas, en sois, de sortir de l'emprise des marchés, qui s’abattront tout autant si ce n'est plus sur des pays isolés et de moindre envergure.

Et en dehors d'un contexte d'économie de marché, il me semble que la question ne se pose plus.
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Miyette a dit...

Petite précision, j'ai cherché l'image qui illustrait ma question, et je suis tombée sur le site qui l'abrite lors de ma recherche. le lien est d'abord pour donner en donner la source
D'accord! Je comprends beaucoup mieux le "décalage" entre la question et le lien Smile

Miyette a dit...

Dans un contexte d'économie de marché, cela aurait-il un sens de dépenser notre énergie dans une hypothétique sortie d'une Europe (cantonnée à l'arbitrage des conflits de ses membres, ou pire et tout aussi sûrement facilitant la pression des marchés sur eux), alors même que cela ne permettra pas, en soi, de sortir de l'emprise des marchés, qui s’abattront tout autant si ce n'est plus sur des pays isolés et de moindre envergure.

Et en dehors d'un contexte d'économie de marché, il me semble que la question ne se pose plus.
Je connais pas vraiment le dossier mais je pense ne pas me tromper en disant que le cas grec répond à cette question.

Un gouvernement élu pour mener une politique différente et qui, quelques mois (semaines?) plus tard se retrouve à mener lui aussi une politique de rigueur faute de marge de manœuvre face aux intérêts capitalistiques. Selon l'échelle à laquelle on agit une solution n'est plus aussi bonne,ou en tout cas facile à mettre en œuvre car les difficultés se retrouvent démultipliées, ici, et la France subirait quasi la même chose, une fuite des capitaux étrangers provoquerait des blocages de toutes sortes (accès au pétrole, paie des transporteurs, etc.) qui ne peuvent être réglées sans une préparation qu'on ne peut improvisée pour tout un pays pleinement intégré à l'économie de marché. La paysannerie n'est pas prête à nourrir la nation car elle est "faite" pour de la monoculture et de l'élevage à l'exportation, les industries ne sont pas capables pour répondre à certains besoins (la téléphonie, l'informatique doivent être aussi inexistants ici que là bas) etc. Une sortie de l'Europe ne se résumerait pas qu'à l'arrêt de la soumission aux traités et aux règlementations, surtout si les raisons qui poussent à une sortie sont réellement ancrées à gauche! Il faut que la société soit capable de vivre sans les mouvements habituels de capitaux et de marchandises qu'ils génèrent pour que le scénario ne tourne pas à la catastrophe.

(...) Une sortie de l'Europe ne se résumerait pas qu'à l'arrêt de la soumission aux traités et aux règlementations, (...)


J'ajouterais même qu'elle n’aboutirait pas à l'arrêt de la soumission aux traités et réglementations internationales, auxquelles est de facto soumise toute économie de marché, avec application à la clé tôt ou tard, non?
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Effectivement. La plupart des traités ne font que "fluidifier" l'économie en partant du postulat libéral ; pour pouvoir à nouveau commercer il faudrait donc accepter à nouveau d'user les recettes qui figurent dans les traités.