« Gueule cassée »

« Gueule cassée »
OPA Expulsion Bordeaux par DAL-Dax

Gueule cass˩e

Yep !

Le 19 mars 2009, m., porte-voix chez O.P.A, tombait sous les coups de la police bordelaise lors d’un rassemblement politique pacifiste.

Elle t۩moigne ici de ce vcu.

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Gueule casse

Lire et t驩lcharger l’intgralit驩 du recueil Gueule Cass˩e :
http://www.opa33.org/IMG/pdf/m_opa_gueule-cassee.p...

Je suis la v۩trante d’une guerre qui ne dit pas son nom, qui ne dlimite pas son territoire, qui ne d驩signe pas ses champs de bataille, qui ne dresse aucun monument ses morts et ses blessࠩs.

Pour tout dire, je ne savais pas moi-mme concrtement ce que cela voulait dire que les mots de ꨫ mutilation , ۫ tranche , 黫 instinct de survie , ۫ peur au ventre , ۫ fuite ; je ne savais pas ce que c’۩tait que de laisser des camarades tendus par terre tandis que j’essaierais de sauver ma peau.

Aujourd’hui, je sais qu’ils sont morts, qu’ils n’en finissent pas de mourir, que je ne les ai pas connus, qu’ils n’taient pas toujours des camarades, que je n’ai su bien souvent leurs visages qu’apr驨s-coup mais je les porte en moi, comme des enfants qui ne natront jamais, comme un rappel au cas o et cela m’enrage tandis que je balade ma gueule casse dans le labyrinthe d’une vie coupe en deux.

Je suis la vt驩rante d’une guerre qui ne dit pas son nom mais qui frappe, cogne et tue, sans fracas, sans secouer les cœurs civils si prompts pourtant s’mouvoir des chaos d’autres latitudes.

Je me r੩veille la nuit, toujours coince entre deux cauchemars sans visage, entre deux ranges de barbel驩s, toujours cartele, en suspend et cela me fait comme un go驻t de vomissure au fond de la gorge.

Je suis la vtrante d’une guerre qui ne dit pas son nom, 驩tonne d’en tre revenue, h骩bte de n’en 驪tre jamais revenue, surprise de voir que l’on revient de tout, mais dans quel tat ?, dcortiquant le nombre de kilom驨tres de peau qu’il aura fallu abandonner au destin, dissquant une psych 驩parpille.

Je marche de nouveau d’un pas lent dans les villes bruyantes, je tourne une face profonde au soleil, de nouveau je connais la faim et la soif. Mais cela n’y fait rien. Je trimbale toujours avec moi le bruit de bombes qui n’ont jamais explos, de balles qui n’ont jamais 驩t tires, de chars et de blind驩s qui n’ont jamais arpent ces rues.

Je suis la vt驩rante d’une guerre qui ne dit pas son nom, quand seuls certains en portent les uniformes, quand seuls certains comptent leurs prisonniers, quand les bottes font un bruit feutr sur le macadam et que la justice sonne son propre lugubre hallali.

Il y a maintenant trois ans et quatre mois que j’ai perdu de vue la ligne Maginot, que je lance la mer des bouteilles vides qui ne me reviennent jamais ; trois ans et quatre mois que j’erre parmi les vivants, comme un fant頴me, et que l’paisseur de ma vie se confond avec un fil.

Vt驩rante d’une guerre qui ne dit pas son nom, j’ai not cet enfer dont on fait un voyage pour y trouver – tout au bout – ce premier noyau qui fit de nous la fleur, puis le fruit.

Pour moi, pour vous, en partage, ma gueule casse.

m.

Le 5 juillet 2012

Source :
http://www.opa33.org/gueule-cassee.html

Compl驩ment d'info :
http://clap33.over-blog.com/article-32289131.html
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