Mobilisation autour des 3 de Briançon

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Mobilisation autour des 3 de Briançon Plusieurs courriels ou liens pour faire le point sur la mobilisation

Le 27 mai , à Paris , 15 h 30 place de la république aura lieu une manifestation en soutien aux 3 de Briançon , une quarantaine de représentants d'associations et universitaires et élus lancent cet appel , a voir ci dessous sur le site de Politis

https://www.politis.fr/articles/2018/05/nous-soute...

Le 27 mai , à la frontière franco italienne , un rassemblement est prévu

le 30 mai , à la Roche de Rame , soirée de soutien organiser par le comité de soutien France, affiche en pj




Mail reçu du comité de soutien Suisse


si vous recevez ce courriel c’est que vous faites partie des personnes,
collectifs, associations, etc avec qui nous sommes en contact pour la
défense des « 3 de Briançon », soit Eleonora, Theo et Bastien, ainsi que
pour la solidarité avec les exilé.e.s et sans-papier.e.s d’où qu’iels
soient.

Nous voulions vous faire un résumé des positions politiques/stratégiques
dont nous avons connaissance. Les éléments concrets de défense lors du
procès seront divulguées selon la stratégie des inculpé.e.s et des
avocat.e.s j’imagine, petit à petit ou lors du procès. Nous vous
tiendrons au courant si nous avons plus d’infos. Excusez nous par avance
si toutes les voix ne sont pas représentées ici, nous avons pris ce que
nous avions reçu à travers ce mail ces derniers jours.

Comme préambule, il faut savoir qu'il est difficile pour les trois
personnes ainsi que les nombreux soutiens de se coordonner étant donné
l'interdiction de se déplacer et déclarer sur les réseaux sociaux pour
les trois. De même, les nombreux comités/collectifs qui s'intéressent à
cette affaire ne sont pas centralisés et donc la communication parfois
difficile. Les trois personnes concernées réflechissent en ce moment
même aux possibles stratégies de défense et tentent de se mettre
d'accord. Elles sont épaulées par plusieurs personnes dont les
avocat.e.s.


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Position des deux copains genevois par rapport à la situation générale
et le procès du 31 mai:


« Cela fait partie de la stratégie de l'Etat de nous réprimer. Le
message qui passe dans les médias cherche à faire peur aux potentielles
personnes solidaires. Nous n'avons pas peur. Il faut dorénavant
recentrer la question, non pas sur nous et la répression que nous
subissons, mais sur le fond du problème: l'inhumanité de ce monde que
les migrant.e.s subissent. Notre solidarité doit être plus forte que
leur répression.

(Tout d'abord, nous voudrions vous informer que) nous avons décidé de
sortir du silence, pour attirer l'attention sur la situation actuelle
dans les Alpes du sud-est. (En effet,) nous avons subi un traitement
humiliant et injuste de la part des autorités françaises qui nous ont
mis en détention sans raison valable. La situation actuelle à la
frontière dans les Alpes françaises est révoltante !
Le groupement identitaire ayant pris place le 21 avril au col de
l'échelle n'a nullement quitté les lieux ! Leur présence représente un
danger pour toute personne traversant ces montagnes ! La montagne est un
milieu hostile et traverser ou non la frontière est une chose mais s'y
perdre à cause d'une bande d'uluberlu à jaquette bleues se prenant pour
les force de l'ordre en est une autre ! Génération identitaire met la
vie de personnes en danger ! Les autorités locales se rendent complices
de cette situation en fermant les yeux sur les infractions commises par
ce groupuscule d'extrême droite et ce malgré la circulaire (ayant été
distribué à l'ensemble des procureurs français) venant du ministère de
la justice insistant sur l'illégalité de cette situation ! C'est
profondément navrant de voir ces même autorités mettre trois personnes
en prison parce qu'elle ont participé à une marche solidaire et
pacifiste et qu'elles ferment les yeux de façon délibérée sur la
position vindicative et haineuse d'un groupuscule mettant la vie d'autre
êtres humains en danger et ce malgré l'illégalité de leur position !
Chercher et inventer des délits pour les marcheurs solidaires et les
ignorer lorsqu'il s'agit d'individus motivés par le rejet de l'autre.

De plus, mercredi dernier (9 mai) une jeune femme venant du Nigéria a
été retrouvée morte à 10 km de Briançon dans la rivière la Durance. Nous
tenons de source sûr que cette femme serait partie d'Italie avec 4
autres personnes et se serait fait surprendre par un barge de police à
la hauteur de la vachette (3km avant Briançon). 2 personnes se sont fait
reconduire à la frontière, une personne est parvenue à Briançon et cette
jeune femme avait disparue. Il semblerait qu'elle souffrait de problème
à la jambe gauche. Toujours est-il que quelques heures après
l'intervention des policiers le corps de cette jeune femme a été
retrouvé à 15 km en aval de cet endroit, la Durance coulant juste à
proximité du lieu de l'intervention des forces de l'ordre !"

"Pour nous, avoir un discours radical, c'est amener l'idée que l'Etat
n'est pas aussi bon que les gens le pensent. A cet égard, il s'agit de
montrer les répressions (contre nous et contre les migrants, car c'est
le sujet) et dresser un portrait des agissements de cette autorité (qui
se réclame représentatif du peuple !) sur lequel nous puissions nous
appuyer pour enfoncer le clou de la délégitimisation. Raciste, inhumain
et pro-fasciste sont des termes que nous pensons que nous ne devons pas
hésiter à utiliser pour qualifier les actes de l'État. Nous voulons
aussi montrer que la migration est la conséquence direct des agissements
de la société capitaliste et coloniale. Pour que vous le sachiez, notre
démarche et nos actions visent également à déconstruire l'Etat-Nation et
ses frontières. Nous essaierons d'exposer cela dans la presse pour
expliquer nos motivations et les idées qui nous ont poussée à être à
Clavière à ce moment là. Ce message sera aussi celui que nous essaieront
de faire transparaître dans les médias.»

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Deux textes du refuge Chez Jesus:

LA FRONTIERE TUE. LA MILITARISATION EST SON ARME.

Une femme est morte. Un cadavre sans nom a été retrouvé mercredi près du
barrage de Prelles, dans la Durance, la rivière qui traverse Briançon.
Une femme noire, sans papiers, dont personne n'a déclaré la disparition.
Un corps sans vie et sans nom, comme les milliers qui sont retrouvés
dans le fond de la Méditerranée.
Cette mort n'est pas une disgrâce inattendue, ce n'est pas un hasard. La
montagne, la neige et le froid n'ont rien à voir là-dedans.
Cette mort a été annoncée par l'hiver qui vient de passer, par la
militarisation qui, ces derniers mois sévit dans ces montagnes et par
les dizaines des personnes hospitalisées après les blessures causées par
leur fuite vers la France. C'est une conséquence inévitable de la
politique de fermeture de la frontière et de la militarisation.
Ce décès n'est pas une fatalité. C'est un homicide, avec des
mandataires et des complices bien faciles à identifier.
En premier lieu les gouvernements, leur politique de fermeture de la
frontière, et chaque personne qui la soutient.
Gendarmes, police de l'air et des frontières, chasseurs alpins, et
maintenant ces ridicules néofascistes de Génération Identitaire, qui
patrouillent sur les chemins et les routes pour partir à la chasse aux
migrants qui cherchent un passage par ces cols. Ils traquent sur les
sentiers et dans la neige avec des motoneiges ; les attendent dans la
voiture, à l'affut, sur les routes qui amènent à Briançon et celles du
centre-ville. Beaucoup des cas cet hiver de personnes blessées et
conduites à l'hôpital font suite à des chutes dues aux fuites
consécutives aux contrôles de police.
Cette femme-là n'est qu'une des dizaines d'exilés qui, chaque jour,
cherchent à aller en France pour continuer leur vie. Pour ce faire, elle
a dû traverser à pied dans la neige, cette ligne imaginaire qu'ils
appellent frontière. En effet, la possibilité de voyager par des moyens
de transports sûrs lui a été refusée parce qu'elle ne disposait pas de
papiers en règle et par la politique raciste de contrôle qui actent à la
frontière. Après elle doit être descendue sur la route, parcourir les 17
kilomètres qui la séparaient de la ville. C'est pendant ce long trajet
qu'elle doit être tombée sur un blocage de la police, comme les
personnes refoulées le racontent souvent. Le groupe avec lequel elle
était, qui comme elle essayait de traverser la frontière s'est
probablement dispersé à la vue de la Police ou de la Gendarmerie qui
traquent les indésirables pour les attraper et les ramener en Italie :
l'habituel jeu de l'oie cette fois a tué.
Cette femme sans nom doit avoir glissé alors qu'elle essayait de
s'échapper et de se cacher, tuée par les contrôles policiers. L'autopsie
qui aura lieu à Grenoble dans la journée de lundi nous permettra d'avoir
des détails précis sur la cause de sa mort.

La frontière sépare et tue.
N'oublions pas qui sont les responsables.

12 mai, Refuge autogéré Chez Jesus


CHRONIQUES D'UNE MORT ANNONCEE

Une semaine est passée depuis la mort de M. Cinq jours depuis que le
cadavre d'une jeune femme « peut-être migrante » a été retrouvé, dans le
fleuve qui passe sous Briançon, la Durance.
Voici les faits.
Un groupe d'une petite dizaine de personnes part de Clavière pour
rejoindre Briançon à pied. Nous sommes dimanche soir, et comme chaque
nuit les exilé·e·s qui tentent d'arriver en France se trouvent
obligé·e·s d'éviter la route autant que possible et de passer par la
montagne pour éviter les contrôles d'identité.

Le groupe commence son chemin, et puis se sépare : la femme a des
difficultés à marcher et a besoin d'aide et de soutien. Deux personnes
restent avec elle, et les trois se détachent du groupe. Ils marchent sur
la route, en se cachant dès qu'ils aperçoivent des lumières de phares ou
entendent des bruits.

La police a mis en place une véritable chasse aux migrant·e·s, plus
féroce que jamais ces derniers jours. Ils se cachent sur les sentiers,
pour surprendre, torches en main, ceux qui tentent la traversée, et font
des rondes en voiture sur les routes. Ils se postent aussi aux entrées
de Briançon, et à côté des carrefours, mettant en place de réels postes
de blocage.

Les trois personnes marchent pendant une quinzaine de kilomètres et se
trouve à 4 ou 5 kilomètres de Briançon. A la hauteur de la Vachette,
cinq agents de la police nationale les attendent. Ils surgissent de
derrière les arbres à gauche de la route. Il est entre quatre et cinq
heure du matin, Lundi 7 Mai. Les policiers se mettent à leur courir
après. Le groupe se met en fuite, et entre dans le village de la
Vachette. Un des trois réussit à se cacher, et les deux autres, un homme
et une femme, courent sur la route. L'homme court plus vite, il cherche
à attirer la police, qui parvient à l'attraper et le ramène directement
en Italie.
La femme, elle, disparaît.
La police continue ses recherches dans le village de la Vachette pendant
quatre heures. La rivière est en crue, et la police concentre ses
recherches sur les rives de la Durance et autour du pont. Puis ils s'en
vont. Cette façon de faire est tout à fait différents des pratiques
habituelles de la police, pendant ces nuits de contrôle : en général,
après avoir attrapé quelques personnes, ils ne recherchent les fugitifs
et fugitives restant·e·s que pendant quelques dizaines de minutes.
Les recherches concentrées dans la zone du fleuve indiquent clairement
que les policiers avaient compris que quelque chose de très grave avait
eu lieu.
50 heures plus tard, Mercredi 9 Mai, un cadavre de femme est retrouvé
bloqué à la digue de Prelles, à 10 km au Sud de Briançon. Il s'agit
d'une femme d'1 mètre 60, aux longs cheveux noirs tressés. Des
cicatrices sur le dos, un collier serti d'une pierre bleue.
Le Procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, a annoncé la
nouvelle le jour suivant, en précisant que « Cette découverte ne
correspond à aucune disparition inquiétante. Pour le moment, nous
n'avons aucun élément qui nous permette d'identifier la personne et donc
de dire si il s'agit d'une personne migrante ».
Lourde déclaration du procureur. Les disparitions de personnes exilées
ne sont donc pas inquiétantes, sous prétexte qu'on ne les signale pas ?
Les soutiens de B. étaient au contraire très inquiets : mais comment se
tourner vers la police pour déclarer des disparus, quand ils risquent
d'être maltraités, et leurs soutiens réprimés ?
De plus, le procureur ment, car la police savait qu'une femme avait
disparu après une poursuite.
Très peu de journaux ont relevé la nouvelle. Il semblerait que personne
n'ait souhaité publier celle-ci. L'intérêt est d'ensevelir cette
histoire, pour éviter un scandale face aux violences policières. Deux
cas de femmes enceintes refoulées avaient déclenché des réactions
publiques en mars dernier.
Une enquête judiciaire a été ouverte et confiée à la gendarmerie afin
de déterminer les circonstances du décès. Le magistrat a annoncé que «
n'ayant pas d'éléments qui font penser à la nature criminelle du décès,
une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la mort ». Mais
cela aussi est faux. La nature du décès est criminelle.
Ce n'est pas une mort accidentelle, ce n'est pas une erreur. Ceci est un
homicide. Celui d'une jeune femme nigérianne de 21 ans.
Cinq policiers les ont poursuivis. Cette femme, M, est morte à cause
d'eux et de la politique qui dirige, contrôle et légitime leurs actions.
M. est morte parce que la frontière ne peut pas être traversée en
sécurité par les personnes sans papiers.
M. n'est pas morte à cause de la montagne, par erreur, elle n'est pas
morte dans la neige cet hiver. Elle est morte parce qu'elle était en
train d'essayer d'échapper à la police, qui s'adonne de façon toujours
plus violente à la chasse aux migrant·e·s.
Elle a été tuée par ces cinq agents, comme le système de la frontière le
leur ordonne.
Il s'agit d'un homicide avec des mandataires et des exécutants. Le
Procureur de Gap et la préfète sont autant responsables que les
policiers qui l'ont tuée, compte tenu des directives assassines qu'ils
donnent.
Les responsables sont aussi la magistrature et le tribunal, qui
criminalisent les solidaires qui cherchent à éviter ces morts en rendant
la traversée la plus sûre possible. Les responsables sont tous les
politiciens qui fondent leur campagne électorale sur la différence de
couleur de peau et de nationalité des personnes.
Si cela continue, les morts se multiplieront.

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Nouvelles du collectif Al Manba a Marseille:


"E. visiblement ne souhaite pas personnaliser la campagne et reste en
retrait, surtout avec les interdictions de déclarations publiques. Des
camarades italiens ont participé à l'AG pour exprimer ce point de vue et
les actions qu'ils envisagent.
Si cela n'empêche pas une défense politique le jour J, cela déplace
aussi la question du procès et de l'action dans la suite à donner au 31
mai de toute façon : la situation à la frontière est devenue intenable
pour les exilée.es comme pour les camarades. Il faut reprendre
l'initiative collectivement, et faire de la campagne pour les 3dB un
support pour la continuité d'un réseau transnational alpin de lutte
contre la frontière, surtout ne pas de ré-enfermés dans nos propres
frontières.

A/ AU-DELÀ DU SOUTIEN AUX 3 PERSONNES ARRÊTÉES, LA MOBILISATION NE
S'ARRÊTE PAS LÀ, PUISQUE LA RÉPRESSION S'ACCENTUE AVANT TOUT CONTRE
LES PERSONNES EXILÉ.ES (se soldant récemment par la mort d'une jeune
femme nigérienne dans la Durance à l'issue d'une traque par la
police). La fin de la saison touristique annonce une répression encore
moins cachée et des unités supplémentaires de police envoyées par
Collomb (ministre français de l'intérieur).

B/ UN WEEK-END DE MOBILISATION ITINÉRANTE AURA LIEU LE 8/9/10 JUIN SUR
LES SITES DE BARDONECCHIA, COL DE L'ECHELLE, NÉVACHE, BRIANÇON, SUR
DES BASES POLITIQUES CLAIRES : la dénonciation des frontières
physiques/militarisées, du racisme d'Etat et des systèmes d'accueil
répressifs en Italie comme en France, la promotion des pratiques
d'auto-organisation et d'auto-défense des exilé.es (stop au
paternalisme, donner la parole aux personnes concernées). + d'infos
bientôt et notamment sur les moments de préparation de cette
mobilisation.

C/ LA SOLIDARITÉ DES GROUPES DE DÉTENU.ES ET DES COLLECTIFS
ANTICARCÉRAUX A ÉTÉ UN ÉLÉMENT IMPORTANT DU SOUTIEN AUX 3 DE
BRIANÇON DURANT LA SEMAINE DU 1ER MAI, en plus du soutien juridique
classique et des mobilisations (bloc du 1er mai, salut devant les
Baumettes le 3/5) : des liens importants qui peuvent/devraient se tisser
davantage avec cette lutte (dont rapprochements entre pratiques de
soutien CRA/prison)."

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Nous essayons de relayer les informations que nous pouvons relayer sans
porter préjudice à nos copaines inculpé.e.s afin d’établir une position
commune de défense, et une construction de discours politique qui prenne
sens au niveau international, car nous avons besoin d’une force
solidaire suffisante face à la montée du racisme d’Etat.
Si vous voulez nous transmettre des éléments de discours
médiatique/politique que vous portez, c’est avec plaisir.

Bonne fin de week-end, bonne suite,

A bientôt,

Wallace, pour le comité de Genève

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