Question de points de vue?

Question de points de vue? Salutations,

Je viens de voir la newsletter du Fourmidiable, dedans est annoncée la venue prochaine de la compagnie les Fées rosses à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes(1)

Comme pour beaucoup d'autres journées mondiales, ou internationales, trop symboliques à mon goût, je n'en savais pas grand chose, la cause défendue méritant bien plus qu'une journée j'ai voulu approfondir, pour savoir dans quelle mesure cet événement remportait l'adhésion des militant(e)s et des personnes de terrain, si ce n'était qu'un cache sexe(2) pour des institutions ne se remuant guère pour établir l'égalité pleine et entière, etc. Ces petites recherches ont été l'occasion de tomber sur ce commentaire :

" Bonjour et Bravo d'abord, à tous les gens qui militent et soutiennent ces femmes, à toutes celles qui continuent à tenir debout...

Ma remarque concerne l'affiche qui me dérange chaque année. Il me semble qu'on parle surtout de violence masculine contre les femmes, non ?
Si 1 femme sur 8 est victime de violences conjugales, elle n'a pas de chance. Statistiquement, et en miroir, 1 homme sur 8 exprime la violence dans son couple. Subjectivement, c'est complètement différent, ce n'est plus une question de statistique mais de responsabilité... ne sentez vous pas un changement d'implication selon le côté où on se place? Pourquoi utilise-t-on toujours le côté socialement correct de ce couple? Parce que elle, c'est une copine, une collègue, une voisine, mais lui, c'est un pote aussi, un collègue, un voisin ? Alors qu'est-ce qu'on fait ? Peut-on changer les choses profondément sans déranger profondément ? C'est à dire dénoncer sans concession et ré-organiser ces relations (victime/bourreau/temoin)...

Et si au lieu de femme victime, on portait dès l'affiche, avant tout débat, si on portait la résilence ?

Dans les termes "élimination de la violence faite aux femmes", l'identification et l'enfermement dans le statut de victime me met chaque année dans un même état de révolte. Il n'y a pas de malchance à naître fille, ou de perversité à devenir femme, mais une terrible pathologie à prendre l'autre pour mon objet.

Voilà des pistes, parce que les affiches comme toute image viennent imprégner la psyché, et si ce support est un outil de résilience puissant, une image fixant la violence reçue risque aussi de freiner les prises de conscience. Allez pour 2015, l'affiche qui dénonce franchement, l'affiche qui soutient, l'affiche qui apaise ?

Pour maintenant, une pensée à la force et à la générosité du féminin, que cette beauté diffuse au delà de ces quelques jours de débats.
"

La remarque me semble très pertinente, y compris sur un versant non abordé dans le commentaire : la réponse judiciaire. Il me semble que le discours "classique" (mettre la victime au centre pour sa préjugée faiblesse) incite l'opinion et, par la même, la justice à chercher un apaisement plutôt qu'une véritable sanction du coupable. Comme si la victime-femme imposait une "justice de femme", plus douce, plus axée sur le pardon chrétien que sur la justice (certes très imparfaite) humaine.

Je pense ici à une constatation de Foucault sur les crimes de sang(3)(meurtres et assassinats), ceux ci étaient peu sanctionnés lorsque les jurés les considéraient comme passionnels(4). Une attitude que je résumerais ainsi : certains crimes peuvent tellement être compris qu'une sanction n'est pas nécessaire, ni même normale. Ou bien comme cela : Par humanité, l'inhumanité est minorée, voire pardonnée.

J'aimerais savoir ce que vous en pensez.

(1)http://www.journee-mondiale.com/132/journee-internationale-pour-l-elimination-de-la-violence-a-l-egard-des-femmes.htm

(2) Jeu de mots involontaire mais bienvenu il me semble.

(3) Surveiller et punir, je ne saurais pas dire où... Un passage sur le rôle nouveau confié au juge pour éviter ce décalage entre le texte de loi et les décisions, l'objectif étant une plus grande universalité des peines grâce à un fonctionnaire appliquant plutôt qu'un jury débattant en gros. Je chercherai si cela intéresse.

(4) Notion inexistante dans le code pénal autant que je sache.
cecicela
très intéressant.. effectivement changer de point de vue est toujours super enrichissant.. faire un pas de côté et se dire un mec sur 8 tape sa nana, ça fait que c'est lui qui est pointé.. ça change des choses...
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