Table ronde autour de la Gratuité

Table ronde autour de la Gratuité Organisé par le collectif « Gratiférias Incroyables Comestibles Toulourenc et Baronnies » à Montbrun le 18 janvier2015



Réunion publique de travail et d'échanges du Collectif

Au programme, après les présentations, une table-ronde des actions ici et ailleurs, une expérience de magasin gratuit à Mollans/Ovèze, organiser la gratuité avec ses voisins et organiser un festival de la gratuité dans le Diois, présentation des Gratiférias en Ariège et pour finir Actions Citoyennes et Solidaires au Mexique dans un contexte de guerre...


Où en est-on en Ariège ?

Je lance un appel sur le groupe facebook Gratiféria09 : pas de réponse. Je fais le point dans ma tête, rapide, pas grand chose à dire : j'ai fait des Gratiférias qui ont rencontré plus ou moins de succès. Il y a quelques personnes qui aident ponctuellement le jour du marché gratuit, rarement les mêmes d'une Gratiféria à une autre. J'ai le sentiment que je pourrais mieux faire mais je ne sais pas comment. Je ressens aussi un certain découragement quelque fois, mélange de lassitude et d'un éternel recommencement. J'en arrive facilement à la conclusion que je ne vais pas déballer mes déboires d’organisation et fais part aux organisateurs de la Table Ronde autour de la Gratuité qu'une demie heure c'est bien trop long et qu'une présentation des différentes Gratiférias qui ont eu lieu en Ariège suffira amplement. Sur facebook s'organise déjà, d'une manière informelle, un débat sur les outils à mettre en place pour l'organisation d'un marché gratuit. On devine l'impatience de pouvoir en parler « en vrai », en dehors des réseaux sociaux.


J'en suis là de mes réflexions lorsque nous arrivons, Kamel, Agnès, venue représenter les jardins partagés de Pamiers et moi, samedi, après 6 heures de route, dans la salle des fêtes où sera organisé cet échange. Avant toute chose il faut mettre un visage et un prénom sur un pseudo, passer du virtuel au réel en quelque sorte…Au repas commun du soir une discussion s'installe sur la gratuité, sur la façon de faire de chacun : on n'a pas attendu le lendemain pour en parler. Je mesure l'importance de confronter nos expériences et notre façon de faire, c'est riche d'informations à prendre ou pas, d'une expérience à méditer. Je comprends aussi, rapidement, que j'ai « fauté » sur l'absence de supports de communications pédagogiques. J'ai délaissé cette partie en me disant qu'aujourd'hui tout le monde sait ce qu'est une Gratiféria. C'est une erreur. La Table ronde était prévue pour le lendemain 10 h et j'avais déjà quelques éléments de réflexions et de réponses sur des points à améliorer. Mais je focalisais encore sur tout ce que je n'avais pas…


Dimanche 10h

Tour de table des présentations. Ce qui frappe d'entrée de jeu c'est que personne ne parle de sa profession, ne donne son âge. Nous sommes tous concentrés ou déterminés à échanger et partager nos expériences. Ce qui importe c'est ce qui nous réunit : les actions que l'on mène en lien avec la gratuité...C'est l'esprit Gratiféria…

Suivie d'un rapport d'activité du collectif Toulourenc et Baronnies avec une vidéo projection du mode d'emploi (1) d'une Gratiféria et présentation du lancement des Incroyables Comestibles sous libre office (équivalent de power-point) qui comptabilise 14 Gratiférias réparties sur 3 communes...A force de faire et d’essaimer ça a adonné envie, à une habitante, l'idée de participer, à sa manière, en mettant à disposition, gracieusement, un terrain de 1000 m carré qui servira de « labo » où chaque tendance agricole, respectueuse de la terre et de l'environnement, pourra être expérimentée comme par exemple tout ce qui peut avoir un lien avec la permaculture, qui associe l'art de cultiver et l'art de vivre tout en respectant les principes de bases de l'écologie et le respect de la terre, avec pour objectif de produire mais d'une façon raisonnée...Beau travail de collaboration...


Arrive le moment où chacun a la parole pour parler de son expérience autour de la Gratuité. Alors dans le désordre et d'une manière non-exhaustive, nous avons entendu Amélie pour qui le don s'est imposé naturellement, d'une façon similaire à Ariel Bosio (2), elle avait des choses qu'elle ne souhaitait ni vendre et bien sûr ni jeter. Elle a donc organisé chez elle une sorte de vide-placard entre voisins qu'elle nomme Journées Gratuites. Sans grand succès, car les gens n'osaient pas venir. Plus tard, elle est invitée à participer à un repas de quartier dans la commune où elle vient d'emménager. Entre temps, elle a eu connaissance de l'existence des Gratiférias un peu partout en France. Elle propose au comité de quartier d'y associer une Gratiféria. L'idée est bien accueillie et se pérennise. Dans le même temps elle a l'occasion d'occuper un local et dans la continuité de ce qu'elle avait déjà fait, d'en faire un magasin gratuit, à l'avenir incertain : le bâtiment devant être vendu prochainement, ils seront obligés d'évacuer les lieux...Prochaine étape pour Amélie et dans la continuité de tout ce qu'elle a entrepris jusque là, l'organisation d'un Festival de la Gratuité les 17 et 18 juillet prochain dans le Diois plus de renseignements ici (3). Dernière chose et pas des moindres : Amélie est également vice-présidente de L’accorderie (4)...Quand donner est un art de vivre...


Direction Marseille (5) où un collectif s'est formé il y a un an suite à leur première Gratiféria, soutenu par une commune. Le collectif compte aujourd'hui une quarantaine de personnes et parallèlement Pierre fait de la récupération de légumes qu'il redistribue...Donner sous toutes ses formes…Quand donner est une évidence...


J'en passe et des meilleurs : Patricia et sa Cave Du Troc (6) dans la Drôme. Danaïs, qui souhaite mettre toute son énergie à se rendre dans des forums, et autres manifestations qui ont un lien avec la gratuité, convaincue que c'est une alternative aux nuisances du système marchand actuel et Jean-Pierre, venu en observateur qui souhaite lui aussi organiser une Gratiféria prochainement dans le Var. Quand donner est porteur...


Je vais m'arrêter là dans l'énumération de tout ce qui a été dit ce jour là, qui, malgré la richesse de leur expérience, ne représente qu'une infime partie de ce qui se passe en France où des collectifs de Gratiféria fonctionnent très bien, je pense notamment à Metz (7), Guadeloupe et aussi en Belgique (8) et en Suisse (9) là encore je ne les cite pas tous, bref une dimension nationale et Européenne sans compter bien sûr l'Argentine pays où tout a commencé...Quand donner est en chacun de nous quelle que soit notre culture...


Je prépare un rapide état des lieux de l'activité en Ariège, je comptabilise fait un aperçu des différents publics touchés, des différents partenariats…. Je m'aperçois que j'en ai fait 6 ! C'est pas rien ! Le fait que je le fasse seule interpelle...on m'interroge...Je réfléchis en même temps qu'on me pose la question, qui revient souvent...Je ne saurais expliquer pourquoi...Le contexte géographique et/ou socio-économique de l'Ariège…. ? Les rencontres de personnes mobilisées et actives pour d'autres causes...? Un mélange de tout ça...Ma part de responsabilité également : l'envie de faire avec des personnes investies totalement, partageant et désireux de transmettre les valeurs et l'esprit des Gratiférias sans réellement parvenir à mobiliser…


Et pour finir le témoignage bouleversant de Denise et Émilie (qui a tenue le rôle de traductrice) venues tout droit du Mexique nous raconter les Actions Citoyennes et Solidaires dans un contexte tout particulier car ils sont en guerre depuis 2006. Où comment s'organise un marché gratuit en plein cœur d'un quartier pris en sandwich entre un État répressif et les narco-trafiquants, sur les nouvelles routes de la drogue, où comment, et pour un temps limité, l'espace de gratuité devient aussi un espace de paix après s'être assuré de placarder dans toute la ville des messages pacifiques spécifiant qu'ils ne sont ni d'un côté ni de l'autre afin que la Gratuité puisse se faire dans de -relatives-bonnes conditions...Je l'ai dit ce témoignage m'a bouleversé et a relativisé toutes les interrogations et incertitudes que j'avais emporté avec moi depuis l'Ariège.

De l'autre côté de l'Atlantique des Gratiférias ont lieu et les seules valeurs qui restent quand tout semble perdu c'est l'Amour et l'Amitié. Quand donner a du sens...

Sylvie,
le 23 janvier 2015

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