« Pourquoi? - Parce que. - Parce que quoi? - Parce que c’est comme ça. » Telles sont, à la grande consternation de l’enfant, les réponses ô combien souvent données par ses parents, ses amis et ses professeurs. Contrarié, il redemandera, encore et encore, mais en vain : la même répo...
« Pourquoi? - Parce que. - Parce que quoi? - Parce que c’est comme ça. » Telles sont, à la grande consternation de l’enfant, les réponses ô combien souvent données par ses parents, ses amis et ses professeurs. Contrarié, il redemandera, encore et encore, mais en vain : la même réponse lui sera servie sur un ton pseudo-réprobateur, et ce, peu importe sa provenance (religion, science, etc.). La barrière du statu quo de la culture officielle se dresse devant lui comme un imposant mur qui lui semble infranchissable et, à force, devinant trop aisément les réponses il finit par ne plus poser de questions. C’est ainsi que, las de répétitions, la majorité d’entre nous accepte très tôt que « c’est comme ça », sans plus. Et plus tard, inconsciemment frustrés de nos propres questions demeurées sans réponse, lorsque nous sommes agacés par une jeunesse qui nous demande à son tour « Pourquoi? », nous répondons pour nous en débarrasser : « Parce que c’est ainsi, voilà tout ».
Le consensus avec les autres : nous le pensons, donc nous le sommes Nous vivons dans un monde où le quotidien, tel que nous l’expérimentons, nous laisse souvent dans une profonde consternation : mais pourquoi donc faisons-nous ce que nous faisons? En effet, lorsque nous regardons objectivement la situation (toxicité de notre environnement, multiplication des guerres et des famines, augmentation de la pauvreté, utilisation quotidienne de technologies nocives, etc.), nous sommes pleinement justifiés de nous demander pourquoi ces situations persistent alors que nous avons en notre possession toutes les ressources nécessaires et le savoir-faire pour les corriger. La raison, c’est nous! Pour reprendre le vocable de l’auteur du texte J’accepte : Le système mis en place dans notre monde « libre » repose sur l’accord d’une sorte de contrat social passé avec chacun d’entre nous. C’est un contrat que nous acceptons par tacite reconduction et que nous signons chaque matin simplement en n’y faisant rien.
De consensus en consensus Prenons l’exemple de l’argent : le consensus économique. L’idée d’une tierce partie comme moyen d’échange de biens consommables n’est nullement un composant de la structure naturelle de la vie. Mon chat ne monnaye en rien l’accès à la nourriture que je lui donne. Dehors, dans les bois, la nature s’autosuffit et le concept même d’échange est inexistant, il n’y a que disponibilité et accessibilité, complémentarité et association. Les humains, par contre, ne vivent pas cette symbiose naturelle entre eux et utilisent une tierce partie matérielle et sans valeur intrinsèque (devenue même virtuelle) pour l’organisation d’un système d’échanges. Il en résulte les inégalités, la misère et la souffrance que nous connaissons tous, ainsi que l’asservissement au cycle « métro-boulot-dodo » dont nous sommes prisonniers notre vie durant. Cet état des choses est bien réel et il régit d’une main de fer la façon dont notre système social se comporte. Mais cet état des choses est-il nécessaire? Poser la question, c’est y répondre car c’est bien là une des Grandes Illusions de la vie humaine : obéir à des concepts qui n’ont, à leur source, aucune réalité, aucune validité et qui ne sont régis par aucune Loi Naturelle. Autrement dit, si la guerre existe et est une incessante réalité, c’est que nous sommes assez nombreux pour y croire et adhérer à ses idéologies. Sans personne pour chérir les concepts de propriété, de possession et de pouvoir, point de soldats. Sans armée, point de guerre. Peter Berger et Thomas Luckmann, auteurs de La construction sociale de la réalité, affirment que « la réalité est un construit social » et que « l’homme de la rue (sic) considère la réalité comme prédonnée ». Autrement dit, c’est ainsi parce que c’est ainsi. Mais si c’est ainsi, c’est parce que nous l’acceptons ainsi, parce que nous le considérons comme tel alors qu’en vérité nous l’avons rendu ainsi et l’entretenons quotidiennement. En somme : nous le pensons, donc nous le sommes. Prenons un autre exemple : le consensus politique. Ce concept est si ancré dans notre psyché collective (pour ne pas dire matraqué en continu par les médias) qu’il nous viendrait rarement à l’idée de le voir pour ce qu’il est réellement : une conception très arbitraire de comment doivent se passer les choses, sans plus. En effet, nous discourons constamment sur les différents partis politiques ainsi que sur les différentes formes de gouvernance – leurs bons côtés, leurs mauvais côtés, leur historique, leur vision, leur potentiel, etc. Nous argumentons en faveur du bleu ou du rouge, parfois même du vert, mais semblons oublier que rien de tout cela n’est nécessaire, immuable ou inévitable. À mes yeux, ce n’est qu’un « réflexe de prisonnier » gravé dans notre psyché au fil du temps : être convaincu qu’il doit y avoir un « chef » et des sous-chefs afin de gouverner tous les aspects de nos vies tient d’une autovictimisation dont l’ampleur laisse perplexe le philosophe objectif. De la nourriture que nous ingurgitons au droit d’aimer ou non un être du même sexe que nous, nous remettons tout entre les mains capables des « décideurs » et des gouvernants. Il en résulte la démesure asservissante que forment nos systèmes légaux. Combien de centaines de millions de « lois » existe-t-il qui ne sont, aucune exception faite, que de pures conventions inventées par les « homo sapiens » et qui n’ont de validité, de « réalité » que lorsqu’une majorité y adhère et y donne son assentiment? Et, force du nombre oblige, le reste de la population est forcé à y consentir « parce que c’est comme ça » – sinon c’est la marginalisation, la punition et le châtiment, et ceux-ci manquent, habituellement, cruellement de clémence. La science officielle, tous domaines confondus, en est un autre excellent exemple. Le consensus scientifique nous dicte ce que nous devons considérer comme réel : l’évolution darwiniste, les bienfaits des médicaments pharmacochimiques, la formation des planètes, soleils et systèmes solaires, l’immuabilité des « lois » de la physique, les bienfaits des vaccins, le prolongement de la vie via l’alimentation moderne, l’histoire officielle selon laquelle nous sommes au sommet du progrès et de la civilisation, etc. Tous ces a priori et ces « réalités » prédonnées forgent et ancrent nos façons de penser et d’appréhender la réalité ne laissant que très peu (ou pas) de place à l’imagination et la créativité. Toute remise en question (même faits à l’appui) des systèmes de pensée solidement enracinés de la culture officielle est stigmatisée, ridiculisée et rapidement balayée des discours.
Qu’en faire? Voir la réalité de ce qui est est une démarche intérieure, c’est une entreprise, une réalisation fondamentalement personnelle, voire intime, et ne devrait en aucun cas suivre les dictats préétablis d’une culture imposée, prédonnée. C’est quelque chose de personnel non pas en ce sens que chacun a sa propre vérité et que la Vérité ultime n’existe pas – ceux qui le proclament n’en voient pas le paradoxe inhérent (à savoir qu’ils viennent, de ce fait, d’énoncer une vérité immuable alors que cette dernière n’existerait pas), mais plutôt dans le sens du « Ne consommez pas votre culture, créez votre culture » de Terrence McKenna. L’important n’est donc pas d’y voir un combat à entreprendre avec un quelconque établissement, mais bien de prendre conscience que notre quotidien, notre vie entière est jonchée de ces réalités-consensus : la morale, le devoir de « respect » envers « l’autorité », le concept de propriété, la bienséance, etc., et ce, jusque dans les moindres détails dictant pour nous ce qui est propre de ce qui est sale, les heures des repas et du sommeil, etc. Il est primordial de comprendre que c’est l’omniprésente et omnisciente culture officielle qui guide et contraint nos conceptions de ce qui est. Il faut clairement voir que notre aptitude à penser par nous-mêmes a été sérieusement handicapée depuis notre plus tendre enfance au point où le statu quo social prédomine sur nos moindres aspirations quotidiennes et régit étroitement notre potentiel en termes de liberté, de créativité et d’épanouissement. Rappelle-toi que ce monde n’est pas la réalité. C’est un miroir aux alouettes, sur lequel tu t’exerces à vaincre les apparences grâce à ta connaissance de ce qui est. - Le Guide du Messie
En conclusion Certes, nous ne changerons pas le monde simplement en prenant réellement conscience de tout cela, mais nous changerons définitivement notre expérience et notre relation vis-à-vis ce dernier. Et c’est là d’une importance capitale car bien que les réalités-consensus ne soient qu’illusions, les illusions, elles, sont bien réelles et nous devons « faire avec ». Mais transcender les apparences trompeuses nous permet de « marcher sur les eaux » là où d’autres se noient. Et c’est en utilisant la force créatrice et libératrice du refus intérieur, en déclinant en toute simplicité de nous limiter au « déclaré possible » que nous nous dégageons peu à peu du carcan étouffant d’une « réalité » prédonnée. C’est donc en rejetant le moule de l’endoctrinement social et les prêts-à-penser qui nous fixent dans une définition statique du monde que nous avons la possibilité de devenir, de nous ouvrir à d’autres potentiels et de les réaliser puisque nous n’allouerons plus de temps ni d’énergie à une conception, une dynamique que nous n’avons pas choisie et qui ne nous convient pas. Refusons de laisser tout ce qui nous entoure nous définir et réfléchissons par nous-mêmes.
« Pourquoi?
- Parce que.
- Parce que quoi?
- Parce que c’est comme ça. »
Telles sont, à la grande consternation de l’enfant, les réponses ô combien souvent données par ses parents, ses amis et ses professeurs. Contrarié, il redemandera, encore et encore, mais en vain : la même répo...
(je déconne Galdar)