"F.Lotus", Ai Weiwei (2016)

En tant qu’artiste, Ai Weiwei se sent investi d’une mission : celle de défendre les droits des Hommes et leur liberté. Pour lui, il ne s’agit pas d’acquis : ce ne sont pas des valeurs qui nous sont données ; on doit se battre pour les obtenir.

Il dit d'ailleurs que, "A moins de tuer directement les migrants, la situation ne pourrait pas être pire".



Cinq mois après sa première apparition dans une salle de concert berlinoise (1), l’installation de l’artiste contemporain chinois Ai Weiwei, "F Lotus", est réapparue. Cette fois-ci, ce ne sont plus 14 000 gilets de sauvetage qui composent l’immense structure imaginée par l’artiste mais “seulement” 1 005, disposés en lotus et flottant dans les pièces d’eau du jardin du Belvédère de Vienne pour former, comme à Berlin, la lettre F.

Pour le controversé Ai Weiwei, cette installation est une façon d’attirer l’attention sur la crise des réfugiés syriens en Méditerranée, après un conflit qui a conduit au déplacement de plus de quatre millions et demi de personnes. Les gilets de sauvetage utilisés par l’artiste proviennent de Lesbos. L’île grecque est une sorte d’Ellis Island contemporain où s’entassent les naufragés syriens qui attendent patiemment d’entrer sur le continent européen.


La crise des réfugiés au cœur de l’art d’Ai Weiwei

La crise migratoire européenne est le dernier thème de prédilection pour Ai Weiwei, qui s’était “amusé” à poser dans la peau de l’iconique enfant turc Alan Kurdi (2) ou encore à organiser un concert de piano pour les 12 000 réfugiés du camp d’Idomeni (3), à la frontière gréco-macédonienne.

Des initiatives qui ont parfois fait grincer quelques dents, surtout lorsque l’on sait que depuis le début de la crise des réfugiés, 3 500 personnes ont péri en mer, en tentant de rejoindre l’Europe. Pour son prochain projet, l’artiste chinois a déjà annoncé la sortie prochaine d’un documentaire basé sur la vie dans les camps de réfugiés grecs et macédoniens, après avoir tourné plus de 600 heures de rushs.



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(1)

En hommage aux 3 700 migrants qui ont perdu la vie en mer, l’artiste chinois Ai Weiwei a recouvert les piliers d’une salle de spectacle berlinoise de 14 000 gilets de sauvetage.

(2)

En hommage au petit Alan Kurdi, un des nombreux bébés décédés noyés en Méditerrané, l'artiste a posé en janvier 2016 dans sa dernière position, qui a circulé dans le monde entier et qui est devenue une image forte de cette crise.

(3)

A la frontière greco-macédonienne, dans le camp d'Idomeni, là où 12 000 réfugiés étaient bloqués, l'artiste a organisé en mars 2016 un concert symbolique dans les champs où campent les réfugiés. Nour Alkhzam, 24 ans, une Syrienne qui en raison de la guerre n’a pas vu son mari depuis un an et demi, a joué pendant vingt minutes sous la pluie un petit morceau sur un grand piano blanc installé par l'artiste.