HOMMAGE A STÉPHANE HESSEL

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HOMMAGE A STÉPHANE HESSEL


Stéphane Hessel, la longue vie d'un humaniste :

L'ancien diplomate s'est éteint à l'âge de 95 ans. Devenu célèbre sur le tard, grâce au succès mondial de son manifeste "Indignez-vous !", Stéphane Hessel menait le même combat humaniste depuis ses années de résistance.

Il connaissait des milliers de vers par cœur. D'une voix haute et gourmande, on l'a entendu réciter la Ballade des pendus de François Villon comme s'il l'avait écrite. Stéphane Hessel n'est plus mais cette voix, cette lueur malicieuse dans l'oeil demeurent. Celles d'un jeune homme de 95 ans, que 32 pages bien senties ont suffi à rendre célèbre dans le monde entier.

L'homme avait pourtant bien rempli sa vie avant d'endosser l'habit du combattant pour la paix. Né à Berlin en 1917, naturalisé français en 1937, ce normalien rejoint la résistance en 1941. Arrêté et déporté à Buchenwald, il parvient à s'échapper et intègre le quai d'Orsay où il commence sa carrière diplomatique après la guerre. Il est en poste en Afrique, en Asie, aux Etats-Unis, et déjà, s'indigne. En 1977, il est nommé ambassadeur à l'ONU, à Genève. Le métier change, pas le fond : Hessel est plus un homme "pour" que "contre". Pour la charte des droits de l'homme à laquelle il participe, pour l'Europe, pour la régularisation des sans-papiers, pour la résolution du conflit israélo-palestinien. Ses prises de position pro-Palestine lui ont valu des ennemis.
D'Indignez-vous ! aux Indignés

La retraite n'a pas éloigné Hessel de ses combats pour la paix et la dignité, loin s'en faut. Homme de gauche, il soutient Europe Ecologie en 2009. Mais la politique n'est rien si elle n'est pas suivie d'action, et l'âge semble décupler son énergie. Comme son ami le dalaï-lama, il promène sa grande silhouette partout dans le monde pour défendre son manifeste à l'usage de toutes générations. Un message contenu dans un petit livre de 32 pages, vendu 3 euros : Indignez-vous !, sorti en 2010, est un raz-de-marée qui s'est arraché depuis à 5 millions d'exemplaires. Hessel devient l'une des personnalités préférées des Français, qui y voient un nouvel abbé Pierre.
L'effet d'Indignez-vous ! dépasse vite le cercle des lecteurs : ancré dans une époque qui accueille avec joie son message pacifique, il inspire le mouvement des Indignés, né en Espagne en mai 2011. Le mouvement enfle, d'autres manifestations pacifiques s'organisent, contre la dictature des marchés et les effets dévastateurs de la crise. Hessel a réussi à soulever les foules. Ce sont celles-ci qui se recueillent aujourd'hui. Demain, promis, elles s'indigneront à nouveau.






"Indignez-vous !", histoire d'un petit manifeste devenu grand

http://www.millebabords.org/IMG/pdf/INDIGNEZ_VOUS....

Le manifeste de Stéphane Hessel, vendu à 5 millions d'exemplaires, dont 2 millions en France, prouve que les grandes idées n'ont pas besoin de milliers de pages pour s'exprimer. Et que les éditeurs savent encore préparer des "coups" intelligents.

Jean-Pierre Barou, cofondateur d'Indigène éditions, raconte l'aventure de leur best-seller paru en 2010 :

"Dès l'instant où nous avons rencontré Stéphane Hessel, on a eu le sentiment d'un moment exceptionnel, qui tenait beaucoup à sa personnalité.

Il était toujours dans la vigilance, il vous éveillait.

" L'éditeur avait depuis longtemps l'idée de petits livres faciles d'accès, dans tous les sens du terme, porteurs d'un vrai message."

De là à imaginer ce succès... "C'est un livre qui arrive à concilier l'oralité et l'écriture, il y a une symbiose entre plusieurs genres qui s'insinuent doucement dans notre esprit. Ce texte a une certaine efficacité, qui tient à sa légèreté comme à sa gravité." Un livre unique, donc ? "C'est un livre qui va marquer la planète de manière définitive, assure Jean-Pierre Barou.

Il y a dans l'histoire de notre époque un avant et un après Indignez-vous.

Hessel était une personnalité cosmique, et c'est en cela qu'il échappe aux clivages politiques et générationnels.

" De larges extraits du livre sont reproduits dans les manuels scolaires au lycée, aussi bien en histoire qu'en philosophie. En attendant une probable réimpression augmentée, Indignez-vous ! continue d'être traduit en plusieurs langues. Une édition en persan vient d'arriver dans les bureaux d'Indigène éditions.

http://www.metrofrance.com/info/indignez-vous-hist... !43xIoxO1zmTS/



Entretien avec Stéphane Hessel:

« Pas de liberté sans égalité des droits »

À quatre-vingt-treize ans, le diplomate Stéphane Hessel, ancien résistant et corédacteur de la Déclaration des droits
 de l’homme, publie Indignez-vous !. Un appel à l’insurrection pacifique, notamment contre les oligarchies financières qui ont mené la planète au bord du gouffre.

Comment recevez-vous le succès de ce livre ? Répondait-il 
à un besoin qui sied 
à la période ?

Stéphane Hessel.
J’ai été naturellement surpris et même émerveillé par le succès de ce petit pamphlet. Je l’explique par le fait que nous vivons un moment de relative angoisse, on ne voit pas bien où nous allons. Nous avons la claire conscience que nous sommes au milieu – et non pas à la fin – d’une grave crise de l’économie néolibérale sans régulation, il est donc normal de se poser des questions sur la raison des dysfonctionnements de nos sociétés. Lorsque l’on vit dans des sociétés qui fonctionnent mal, la première chose que nous avons envie de faire, c’est de nous indigner. On se souvient que, dans d’autres périodes de notre histoire, il fallait aussi s’indigner si l’on ne voulait pas subir l’occupation étrangère de la France, ou dans des situations de pénurie passive.

La dette ou l’absence de financement sert souvent d’argument à la remise en cause des conquêtes sociales de la Libération. Comment le Conseil national de la Résistance (CNR) est-il parvenu à construire ces socles dans le contexte d’une Europe ruinée ?

Stéphane Hessel.
Il faut tout d’abord se souvenir que le programme du CNR a été élaboré dans la clandestinité par des gens qui n’avaient aucune capacité politique autre que la réflexion et la proposition. Grâce à cette relative liberté de réflexion, ils se sont posé le problème de savoir comment la France, une fois libérée, pourrait donner à notre pays un ensemble de valeurs et de politiques qui correspondraient à ce que les résistants souhaitaient. C’est vraiment la base d’une social-démocratie qui tienne le plus grand compte des libertés fondamentales, de la lutte contre les féodalités économiques excessives, contre une presse menée par un gouvernement de Vichy. Ces valeurs se sont-elles dégradées ? Manifestement. Et c’est la logique de l’indignation. Il n’y a pas de raison que la France de 2010 n’ait pas les moyens nécessaires car elle dispose de ressources considérables, de richesses bien plus grandes que celles de 1945. Malgré cela, les conquêtes sur lesquelles on pouvait compter n’ont pas été réalisées. Cela doit constituer les bases de la réflexion et susciter le sentiment qu’il y a à faire. Il faut d’abord s’indigner mais ne pas s’arrêter là. Il faut se poser une question : comment faire pour que les choses changent ? Nous avons besoin d’une nouvelle direction du pays, celle mise en place depuis 2007 n’est pas satisfaisante mais il faut savoir ce que l’on peut proposer d’autre. Cela vaut pour l’Europe et le monde entier. Et notamment pour les régions les plus frappées par la crise ou par des conflits… On pense naturellement aux Palestiniens, aux Sahraouis, à des peuples qui, contrairement à ce que réclame la charte des Nations unies, ne disposent pas encore d’un État et dont l’autodétermination n’est pas encore réalisée.

Vous appelez à plus de justice et de liberté mais, 
dites-vous, « pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler ». Est-ce à dire 
que sans égalité, ni fraternité, la liberté n’est rien ?

Stéphane Hessel.
La liberté est à la fois l’une des données les plus fondamentales et les plus précaires. Une liberté n’a de sens que si elle assure une égalité des droits et donc une solidarité. Cela renvoie à notre belle devise qui doit se concevoir comme un tout. La liberté qui régit de plus en plus l’économie financiarisée, mise à la disposition de quelques possédants et non pas rendue compatible avec l’égalité et la fraternité, a déjà causé des dégâts considérables.

Vous évoquez le rôle 
de Sartre dans la formation de votre pensée et cette phrase : « Vous êtes responsables 
en tant qu’individus. » 
Quelle est, alors, 
la place du collectif ?

Stéphane Hessel.
Les structures politiques ou économiques, qui régissent actuellement les sociétés humaines, sont en grande difficulté. Elles ne sont pas équipées pour résoudre les nouveaux problèmes qui se posent : la protection de la planète et les écarts croissants de richesses. On ne peut plus s’en remettre aux pouvoirs existants, il faut que les citoyens se mobilisent dans des organisations non gouvernementales dont les manifestations sont de plus en plus internationales, c’est le cas des grands forums sociaux. Voilà la voie à suivre pour que, collectivement, ce soient les citoyens – et non pas les structures en place – qui ouvrent le chemin d’une rénovation nécessaire du fonctionnement de l’économie mondiale.

Vous citez également Hegel, 
le sens de l’histoire et ses chocs successifs. Considérez-vous que la démocratie 
est actuellement sous le coup de régressions ?

Stéphane Hessel.
Il faut se dire que la démocratie est un programme qui n’est malheureusement pas encore accompli. La Déclaration universelle des droits de l’homme dit en toutes lettres que ces droits ne peuvent être réalisés que dans le cadre de d’un régime démocratique qui doit résister à toute forme de tyrannie, de totalitarisme ou d’oppression. Il ne faut pas sous-estimer les progrès auxquels nous faisons face notamment en Amérique latine ou en Europe. C’est néanmoins insuffisant car ces démocraties ne se défendent toujours pas suffisamment contre l’emprise du capitalisme financier. C’est là-dessus que doivent porter les efforts des individus.

À propos de la rédaction 
de la Déclaration universelle des droits de l’homme, vous revenez sur l’hypocrisie de certains vainqueurs dans leur adhésion à ces valeurs. Comment cela a-t-il joué dans leur application, selon vous ?

Stéphane Hessel.
La notion d’hypocrisie est importante pour voir comment les gouvernements et peut-être aussi les grandes entreprises disent tendre vers les droits et l’égalité, vers un progrès de l’économie qui bénéficierait à tous et notamment aux plus pauvres. En réalité, ils s’arrangent pour garder le pouvoir même si ce pouvoir ne répond pas aux besoins des citoyens. Elles veulent également conserver l’emprise économique même si les résultats ne bénéficient qu’à une petite élite, celle que Susan George (présidente d’honneur d’Attac – NDLR) appelle « la classe de Davos », c’est-à-dire les possédants. Nous vivons encore dans un monde où les possédants ont encore droit à tous les bénéfices et où les possédés ne savent pas suffisamment résister.

Vous concluez sur la nécessité de dépasser la confrontation des idéologies. Face aux oligarchies financières, notamment, ne faut-il pas s’appuyer sur un socle idéologique solide ?

Stéphane Hessel.
Nous avons la chance d’avoir l’Organisation des Nations unies, fondée sur une charte qui affirme un certain nombre de libertés et de droits pour tous. Il faut lui donner d’avantage de force. Nous avons besoin d’une gouvernance mondiale, non pas d’un État mondial qui serait une absurdité, mais d’une coopération entre États qui se fonde sur un socle démocratique. En s’appuyant sur ses institutions, en leur donnant l’autorité nécessaire, on pourra enfin mettre un terme aux conflits et remplacer la violence par la non-violence. Face à la violence des affrontements entre États, voire entre cultures, entre religions ou civilisations différentes, entre idéologies qui se combattraient, il faut au contraire s’orienter vers la négociation pensée par des hommes comme Mandela, Martin Luther King, Gandhi ou d’autres. L’une des raisons majeures qui devraient nous amener vers la solidarité et l’interdépendance, c’est le risque que court la planète. Nous vivons une époque où si l’on ne fait pas tous ensemble un effort écologique, dans cinquante ou cent ans, la planète ne sera plus viable pour les sociétés humaines.

Entretien réalisé par Lina Sankari
http://www.humanite.fr/30_12_2010-st%C3%A9phane-he...

Video :
Conférence - Stéphane Hessel - "Tous comptes faits... ou presque"

A l'occasion des conférences de l'Université Permanente, Stéphane Hessel, diplomate et auteur de l'essai "Indignez-vous !" a tenu le 29 Mars 2012 une conférence à l'Université de Nantes.
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detail...

Video :
Indignez-vous ! s'inscrit dans la lignée du livre mondialement célèbre de Stéphane Hessel.

Il dresse le portrait d'un monde en dysfonctionnement, où des espérances et des voies nouvelles apparaissent aussi.

« POBUNITE SE ! » en bosniaque, « Bli Sint ! » en norvégien, « Nos Vos ! » en brésilien, « Empört Euch ! » en allemand : « Indignez-vous ! », l'ouvrage de Stéphane Hessel publié en 2010, a été traduit en 26 langues, y compris en néo-zélandais et en coréen.

Des millions d'exemplaires lus et relus, telle une Bible, par une jeunesse en colère contre les élites politiques et l'impitoyable monde de la finance. Un succès phénoménal pour un sujet a priori rébarbatif.

De ce petit opuscule de 32 pages vendu 3 euros est né un mouvement contestataire qui s'est propagé dans le monde entier.

Le metteur en scène Tony Gatlif a voulu mettre en images le manifeste de Stéphane Hessel en transformant son texte en acteur principal de ce documentaire où ne figurent ni discours ni interviews.

« Face à l'urgence, j'ai poussé un coup de gueule. Face à l'urgence, j'ai pris ma caméra et j'ai fait un film », dit Tony Gatlif, qui a découvert le fameux manifeste chez le philosophe et écrivain Jean-Paul Dollé. De là, et de l'indignation ressentie par les lois sarkozistes à l'encontre des Roms, est née son idée de donner la parole à ceux qui ne l'ont pas et qui n'ont pas l'habitude d'être écoutés.

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« Le monde du partage doit remplacer le partage du monde »

http://www.youtube.com/watch?v=MdunBBzqmw0
Pièces jointes
Galdar
Mais je t'en prie, sers-toi, c'est fait pour ça Smile
(J'ai placé en haut de l'article son livre en PDF, dont voici le lien :
http://www.millebabords.org/IMG/pdf/INDIGNEZ_VOUS....
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