Iran : les paysans s’organisent contre la privatisation des semences

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Iran : les paysans s’organisent contre la privatisation des semences En Iran, il n’y a pas que des chercheurs en physique nuclaire ou des mollahs va-t-en guerre. Des paysans s’organisent pour rsister 驠 la privatisation des semences et prserver la biodiversit. Basta ! a interview驩 le syndicaliste paysan iranien Abdol Reza Biglari, l’occasion des rencontres internationales des maisons de semences, Pࠩrigueux.

Plus de la moiti des paysans du monde produisent leurs semences. Parmi eux, le paysan iranien Abdol Reza Biglari. Issu d’une famille d’agriculteurs, il a men en parall驨le les mtiers d’leveur, d’arboriculteur et de professeur des 驩coles. Aujourd’hui retrait, il demeure engag pour l’autonomie alimentaire et le souci d’une alimentation de qualit驩. Prsent P頩rigueux l’occasion des rencontres internationales des maisons de semences, ce paysan livre Basta ! les raisons de son engagement.

Basta ! : Quelle est la situation de la biodiversitࠩ agricole en Iran ?

Abdol Reza Biglari : Le lancement de la rvolution verte par les gouvernements dans les annes 1950 a contribu驩 la perte d’une grande partie de la diversit biologique. De nombreuses vari੩ts traditionnelles ont t驩 mises l’cart puis perdues, au profit des vari੩ts haut rendement, accompagn頩es de leurs pesticides. Mais les semences venant de la recherche gntique sont mal adapt驩es nos besoins. Elles demandent beaucoup de pesticides, d’engrais chimiques et d’eau, ce qui cote tr໨s cher et n’est pas durable. D’autant plus que nous avons un gros problme de scheresse dans notre r詩gion, avec des tempratures trs 騩leves et relativement peu d’eau notre disposition.

Les semences hybrides import頩es ont aujourd’hui compltement envahi le march des semences. M詪me s’il y a encore trs peu d’OGM sur le territoire iranien, ils contribuent l’蠩rosion gntique. Celle-ci est acc驩lre par la privatisation du secteur des semences : des lois d驩finissent les graines qui peuvent – ou non – tre vendues ou changꩩes, voire mme utilises. Ces restrictions sont un grave problꩨme. Le fait de limiter la conservation des semences par les agriculteurs contribue nous rendre dpendants des vari੩ts disponibles sur le march. Nous avons besoin de lois oui, mais de lois qui d驩fendent les droits des paysans.

Que peut faire Thran pour prot驩ger cette biodiversit des semences ?

Tout a t驩 mis en œuvre en Iran pour que l’on se spcialise dans l’levage. Nous avons oubli驩 notre rle actif dans la slection v䩩gtale. Les agriculteurs doivent avoir nouveau acc頨s des semences et des races animales adaptes ੠ leur environnement, leur situation conomique et culturelle. Avec le soutien de l’ONG Cenesta, un centre pour le d੩veloppement durable, nous avons commenc il y a six ans un programme participatif de slection v驩gtale, afin de trouver des varit驩s locales adaptes.

Nous travaillons avec un chercheur d’Icarda, un centre de recherche international bas en Syrie [1], sur la s驩lection de varits de bl驩 et d’orge qui correspondraient nos besoins. Nous esprons qu’un jour chaque r੩gion aura des semences adaptes.

Que permet ce travail entre chercheurs et paysans ?

Un espace avec 320 varit驩s de bls et d’orges anciens a t驩 cr il y a un an. Nous avons obtenu un acc驨s aux banques de gnes internationales, et fait revenir dans les champs des varit詩s anciennes d’Iran. Une banque de g˨nes locale a ۩t mise en place. Aprs notre passage en France, nous allons la renommer 騫 maison de semences ! Une maison, c’est diff۩rent d’une banque... C’est un lieu pour tous, o chacun peut venir avec sa crativit驩. Il est situ une centaine de kilom頨tres de Thran. Il appartient 驠 une personne mais tous les paysans peuvent y avoir accs. Nous sommes une vingtaine 蠪tre actifs dans cette prservation et cette cration de biodiversit驩. Une chose est sre : pour atteindre la souverainet alimentaire, faire un travail collectif est absolument n멩cessaire.

Le gouvernement iranien soutient-il ce type d’initiatives ?

Ce programme n’est malheureusement pas soutenu par le gouvernement ni par les autorits locales. Aprs des ann騩es de guerre, puis de graves problmes conomiques, le gouvernement n’a pas vraiment de programme de d詩veloppement agricole. Les fonds sont attribus au coup par coup, juste ce qu’il faut pour que les gens ne souffrent pas de la faim, ou manifestent et s’engagent.

Nous n’avions pas de syndicat agricole, et le gouvernement en a cr驩 un il y a deux ans. Il reste en partie sous le contrle des autorits, mais nous en sommes devenus membres pour pouvoir un jour utiliser ce nouvel 䩫 outil . Il n’existe pas de mouvement ou d’organisation de consommateurs. Mais il y a une inqui۩tude patente quant la qualit de la nourriture : c’est une question qui est tr੨s prsente, cause du nombre de maladies, de cancers...

Qu’est-ce qui motive votre engagement ?

Donner 頠 manger aux gens une nourriture saine ! Il est sans doute encore trop tt en Iran pour aller vers du 100 % biologique. Mais on peut ds 䨠 prsent utiliser moins de produits et d’engrais chimiques. La plupart de ce qui est produit en Iran y est consomm. En tant que paysan, c’est mon r驴le d’offrir une nourriture aussi saine que possible. changer des idɩes et des expriences avec des paysans de tous les continents, par ces rencontres internationales, est aussi trs important. Ces 騩changes sont aussi la base pour construire la paix dans le monde.

Recueillis par Sophie Chapelle


Notes

[1] Salvatore Ceccarelli, chercheur l’ICARDA (centre de recherche international pour la recherche agricole en zone sche), a d਩montr que les paysans avaient des comptences pour faire leur s驩lection dans les fermes : il montre que si l’on se contente de dcentraliser la slection, on peut passer 驠 ct du d䩩veloppement de slections utiles car on n’aura pas utilis les connaissances tr驨s particulires que les paysans ont de leur champ et de leur milieu. La runion dans un m詪me champ des activits de production, slection, conservation, pour renouveler la variabilit驩 permettent un meilleur maintien de la biodiversit.
da pschittt wei
c'est un acte de guerre ! contre monsanto ,Cargil ... et companies dont la plupart son US, c'est même une guerre mondiale car la planète entière vomit ces semences ... y compris les farmers yankee (cf reportage arte hier)
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