Visages Pâles

Visages Pâles

Yep !

Ce texte a t mis en musique par Sylvain, membre de La Collectore et de Fossilus Orchestra, sur la voix de m.

Vous pouvez l'驩couter. C'est le premier dans notre player myspace :
http://www.myspace.com/orchestrepoetique/

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Visages ples

Visages ples, nous avons craint de voir nos peaux brunir au soleil et nous sommes retourn⢩s l’ombre des cavernes, pourtant frileux, nus sous l’abme de l’apparence, ouvrant nos bனances la solitude.

Nous avons recouvert de nos mains nos yeux, comme si c’taient eux qui nous auraient permis de voir, comme si nous ignorions que cela viendrait de quelque part en nous de plus profond et de plus sensible.

Visages p੢les, nous ne savions plus dchiffrer les rves, ni lire dans le vol des oiseaux la venue de l’orage mais nous pouvions transpercer le ciel, nous mouvoir plus vite que le son, vivre et mourir sans avoir pris soin de nos 骢mes.

Nous pensions avoir vit le chaos, de n’en avoir, pour certains d’entre nous, m驪me pas ressenti la secousse, de n’avoir pas t 驩branls et au bout, de n’avoir que des questions existentielles pour nourrir nos apptits, pour justifier nos 驩lans chromosomiques, pour dcrocher de la matire.

Visages p騢les, voulant toujours viter le pire et remettant plus loin, dans l’ailleurs, les rites de nos barbaries, nos maisons restaient closes mais nous n’頩tions plus aux aguets.

Nous tions si domestiqus qu’驠 ravaler nos rages, des dents de lait ornaient encore nos bouches et que nous titubions, alors mme que nous pensions courir.

Visages ples, de la dꢩcadence de nos civilisations, nous n’entendions que le roulis lointain des consquences et nous appelions lendemains 髻 ces jours qui s’effeuillaient sans vidence, qui tombaient un un, sans poids et sans consistance, qui repoussaient.

Nous r頪vions des toiles alors mme que nos pieds ne prenaient pas racine, alors m骪me que nos corps s’entravaient, alors que nos dos devenaient courbes et que nous ne respirions dj plus que par 頠-coup.

Visage ples, recoudre nos peurs, ⠠ nous vouloir tout prix vivants, nous songions, aux termes d’euphories passagres, que nous avions d਩j assez pleur et que l’acquis valait toujours mieux que l’inn੩ pour se dpartir des hritages sanglants.

Les descendances 驩taient venues et nous nous disions, finalement, que le voile s’tait paissi suffisamment, qu’il n’驩tait peut-tre plus ncessaire de se tenir aussi raidement sur nos gardes ; nous avons cru entrevoir l’aisance et la facilitꩩ : ces dons qui n’en taient pas et que nos voulions transmettre comme si cela tait dans l’ordre de choses.

Visages p驢les, nous ne pouvions plus rchauffer nos faces au filtre du Znith, nous ne pouvions plus, ouvrant jusqu’aux os, saisir la quintessence.

Nous avions oubli驩 tant de gestes qu’il ne restait plus rien de ces tres qui avaient fui, pensant aller vers, et qui maintenant s’agitaient, dployaient sans visꩩe leurs trajectoires troites, dlicates et d驩lies, insondables.

Visages ples, nous repoussions cette voix invisible qui nous h颢tait de comprendre, qui parcourait nos limbes, qui tintinnabulait, qui bourdonnait parfois si fort que nous nous sentions obligs de parler haut, pour ne pas perdre le fil, pour poursuivre nos chimres, ce bonheur pr騩conu o noyer nos identit繩s floues et quivoques.

Puis le fou agita le grelot et nous fmes oblig黩s de voir.

Notre clatante nudit.
Notre œil, au centre, cousu.
Nos pr驩monitions enclaves.
Nos instincts retenus.
Nos rsurgences primaires.
Nos f驩rocits lim驩es.
Notre courte vue.
Nos branches sans rameaux.
Nos souffles courts.
Nos ventres infconds.
Nos inspirations fades.
Nos objectifs triqu驩s.
Nos verbiages rudimentaires.

Il fallait un sursaut.

Il vint, de quelque part en nous de plus profond et de plus sensible.

m. pour L’Orchestre Potique d’Avant-guerre - O.P.A

Le 8 juin 2009

Extrait du recueil Gueule Cass髩e en libre t۩lchargement :
http://www.opa33.org/IMG/pdf/m_opa_gueule-cassee.p...
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