SALARIÉS, BIG DATA IS WATCHING YOU

SALARIÉS, BIG DATA IS WATCHING YOU Géolocalisation, réseaux sociaux d'entreprise... Le contrôle électronique des travailleurs s'accélère.



Un petit tour sur les sites de vendeurs de mouchards laisse d'ailleurs peu de doutes sur le double emploi de ces outils. « On peut avoir un aperçu rapide des écarts entre le planning et les horaires de présence et identifier l'utilisation des véhicules hors horaires ou zones de travail», vante ainsi la société Ocean, qui revendique 110 000 véhicules équipés en France.

Là aussi, la loi est sujette à interprétation l'utilisation de la géolocalisation pour contrôler les horaires de travail des salariés est légale lorsqu'il n'existe aucun autre moyen de contrôle. Et ce but doit être clairement explicité. Dans le cas contraire, l'employeur ne pourra pas utiliser les données recueillies contre un salarié en cas de contentieux aux prud'hommes.

La question se pose également pour les réseaux sociaux d'entreprise, qui font évoluer les intranets vers des formes plus dynamiques ‑ et beaucoup plus intrusives ‑ de communication. Facebook a lancé le 10 octobre son propre réseau social à destination des entreprises. « WorkPlace » reprend l'ergonomie de Facebook dans le cadre d'un intranet accessible depuis un ordinateur ou un smartphone, à n'importe quelle heure. La communication se fait de manière horizontale, sans intermédiaire. Si elle en fait la demande à Facebook, la direction de l'entreprise peut même avoir accès au contenu des « working chat », les messages privés, selon la forme expérimentée en 2016 par 300 entreprises en France (dont le Club Mcd, Renault, Danone, Lagardère ou les centres d'appels de la marque Free). Légalement, l'employeur est autorisé à rendre l'utilisation de ces réseaux obligatoire. Ainsi, fini les mails entre collègues. Tout le monde surveille tout le monde.

Deux salariés d'une entreprise pilote l'ont compris à leurs dépens. Un matin, ils commentent sut le réseau social l'absence de personnel d'encadrement dans leur service. Réponse immédiate du n°1 du groupe, bien content de ces considérations sans filtre sur le fonctionnement de ses équipes. Les deux salariés ont finalement dû essuyer le retour de bâton du manager pris eu défaut. Ironie de l'histoire, dans cette entreprise de téléconseil où tout est cadencé à la minute près, un cadre aurait discrètement libéré du temps à ses salariés pour qu'ils prennent le loisir d'aller liker » ses messages sur le réseau, afin qu'il soit bien vu par le « top management ». Gare en revanche aux bons mots et aux sautes d'humeur : les salariés peuvent être sanctionnés pour des propos tenus «même en messagerie privée », écrit un directeur dans un mail à ses salariés, quelques mois après le lancement de la version test.

Malgré la profusion des réseaux sociaux d'entreprise, leur diffusion reste timide. Et 90 % des tentatives débouchent sur des échecs, estime le cabinet Cancer, notamment du fait de la grande réticence des salariés face au caractère intrusif de ces outils. Nous assistons néanmoins à un basculement progressif vers une nouvelle ère de l'organisation du travail. Car, à ces outils connectés et aux plateformes numériques, s'ajoutent désormais des algorithmes d'intelligence artificielle capables d'analyser une grande quantité d'informations. Les emails professionnels, les messageries instantanées, les appels téléphoniques, les déplacements dans les locaux et le moindre clic de souris peuvent être analysés par des programmes visant à améliorer la rentabilité des employés. Le « big data » au service d'un « management scientifique.

L'entreprise américaine Humanyze a par exemple imaginé un badge à puce qui, couplé à un microphone et à différents capteurs, permet d'analyser les déplacements et les comportements des salariés, comme le ton de leur voix ou leur posture. Des caméras intelligentes sont capables d'étudier les expressions du visage d'un candidat au cours d'un entretien d'embauche. C'est d'ailleurs parle profilage des candidats, via l'analyse systématique de leurs données personnelles, que les algorithmes sont entrain de s'imposer dans les ressources humaines.

Extraits de Politis N° 1427
Reynaud Alexandre
Putain...

Pourquoi l'Humanité est elle si fertile d'idées à la con?
On va l'avoir la société de fourmis électronisées si on continue sur cette voie et de celle ci je ne suis pas sûr qu'on puisse revenir.
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