J’écris sans papier

J’écris sans papier Certains d’entre vous ont un travail
pourtant c’est en dehors des rails
que les puissants vous gardent.
Pour eux vous êtes une manne.
Ils dénigrent vos chamanes,
vous font prendre la cocarde*.
Vous disant parasites
et même parfois puants.
Vous maintenant en transit.
Des idées nauséeuses insinuant.
Les étrangers vous appelant.
Ils vous utilisent sur tous les plans
Pour vous point de sécurité,
ils vous veulent dans l’obscurité.
Profitant de la moindre occasion,
encaissant vos cotisations,
mais empêchant votre socialisation.
Usant de forces de persuasion,
la peur en perfusion à la télévision,
la crise pour nous maintenir hors rébellion,
la haine en volonté de division
et qu’ainsi tous en cœur nous bêlions
pour vous refuser l’accès à la Nation.

Quand vous êtes parti d’arrache cœur
de vos pays aux mille et une couleurs,
est-ce pour donner aux vôtres une vie meilleure ?
Pour fuir un climat de terreur ?

Vos vies faites de dur labeur,
de vos villages sont l’honneur.
Impossible de vous en retourner
leur survie vous assurez,
mettant de côté vos émois,
envoyant chaque mois
la plus grosse part de vos salaires
à vos femmes, à vos mères.

La fatigue vous laisse-t-elle le temps de penser,
aux rêves enfouis,
aux peurs quotidiennes,
à l’absence des êtres aimés,
quand le soir traînant vos ribouis*,
loin de toute pensée négrienne*,
alors qu’encore vous allez carêmer ?

De monstrueux bénéficiaires
d’un commerce lugubre,
vous font payer très cher
une chambre exiguë, insalubre,
un pucier où reposer vos chairs.

Difficile dans ces conditions de défendre vos droits.
De lutte, certaines associations existent par endroits.

Et moi j’imagine un meilleur monde
où l’on éradiquerait l’immonde
où chaque humain aurait sa place
quelque soit le point sur l’atlas.

prendre la cocarde : partir à l’armée
ribouis : vieux souliers
négrienne : Qui découle ou s’apparente à la pensée de Toni Negri


LABUC – 24/05/2012